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Xavier Beulin : « Y’a le feu, nos politiques doivent se réveiller »

Face à la crise grave qui n’épargne aucun secteur agricole, le président de la FNSEA appelle à faire preuve de pragmatisme, de psychologie mais aussi de courage politique. Faute de perspectives, « les drames humains risquent de se multiplier ».

© SC

« Sur 100 euros de valeur alimentaire dans votre panier, il n’y a que 7,50 euros qui revient au paysan aujourd’hui dans ce pays ». Chiffre éloquent s’il en est qui rappelle à quel point la machine ne tourne plus rond, et qu’au-delà des piètres récoltes, des intempéries multiples, et des sauts d’humeur des marchés, l’agriculteur a beau se démener, les dés sont pipés d’avance. À Paslières, commune située à l’est du Puy-de-Dôme, sur l’exploitation laitière et ovine du Gaec des Près, la centaine d’agriculteurs présents lundi matin balançait entre colère, désespoir et furieuse envie d’en découdre avec un pouvoir politique « autiste » aux enjeux agricoles du moment. Face à eux, le président de la FNSEA, Xavier Beulin entouré des responsables professionnels d’Auvergne et de Rhône-Alpes, qui était attendu, l’après-midi dans le Rhône.

Des exigences « légitimes »
Si chacun s’accorde sur le constat relevant que les motifs d’exaspération sont largement fondés : accaparement de la valeur ajoutée intenable, prix insuffisants, normes et contraintes exponentielles, exposition aux soubresauts climatiques et sanitaires en recrudescence… Il s’agit aujourd’hui de sortir de l’ornière des milliers de paysans en avançant un certain nombre de propositions. « Il faut immédiatement aider tous les agriculteurs à passer le cap de cette situation dramatique par notamment la mise en place d’un plan de refinancement de l’agriculture (prise en charge de la totalité des intérêts des prêts, prolongation de l’année blanche, versement anticipé de l’avance de trésorerie des aides PAC 2016…) ; et dans la foulée, sans perdre de temps, il faut prendre des mesures leur donnant des perspectives », explique Xavier Beulin.

Du jamais vu depuis la Seconde Guerre Mondiale
Il y a urgence, car l’agriculture française est actuellement dans une situation inédite depuis la Seconde Guerre Mondiale. Les pertes, toutes filières confondues, ont été évaluées à 4 à 5 milliards d’euros. Mesures d’urgence, niveaux de prix décents aux agriculteurs, actions en faveur de la compétitivité et la réduction des charges, faire de la PAC 2020 un outil au service des agriculteurs ; stratégies de filières et politiques publiques favorisant l’installation… La FNSEA et les JA ont construit une feuille de route claire, n’écartant aucun sujet. « Si l’on ne s’attaque pas aux problèmes structurels de fonds, on continuera à mettre des pansements sur des jambes de bois », résume Michel Joux, président de la FNSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Et d’en appeler à la mobilisation de tous, car il n’y a pas de fatalité : « Avec le lait, on l’a vu, on peut faire plier un géant comme Lactalis. Il faut aller plus loin en nous organisant pour en finir avec le diktat des industriels ».

L’État arbitre et facilitateur
Pour les responsables professionnels, c’est à l’État de garantir une juste répartition de la valeur ajoutée à travers des modifications législatives (loi Sapin II, perspective de révision de la Loi de modernisation de l’économie). C’est aux pouvoirs publics aussi de « se bouger pour favoriser les perspectives d’export en viande bovine », insiste Patrick Bénézit, président de la section régionale bovine. Pensez-donc, cela fait plus de six mois que « ça patine au ministère pour obtenir des certificats sanitaires ; et pendant ce temps-là d’autres pays comme le Portugal se sont déjà positionnés ». Pour Xavier Beulin, il serait temps que les élus mesurent « les équilibres territoriaux générés par l’agriculture. Un agriculteur qui cesse son activité, ce sont sept emplois induits qui sont menacés ». Au-delà des chiffres, il y a une réalité humaine. Celle de la souffrance de devoir tirer un trait sur plus qu’un métier, une vocation. « L’agriculteur dans ses gènes ne doit jamais tomber en dépôt de bilan, c’est contre nature », estime Xavier Beulin, qui milite pour un accompagnement psychologique, financier et pragmatique de tous les agriculteurs en grande difficulté.

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