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"Vous n'avez pas le droit de lâcher le morceau"

Une délégation d’éleveurs a bloqué le site Socopa de Villefranche d’Allier, jeudi dernier. Ils enjoignent abatteurs et distributeurs à revenir à la table des négociations. Et vite.

Les éleveurs ont bloqué plusieurs camions sur le site de la Socopa, à Villefranche d’Allier.
Les éleveurs ont bloqué plusieurs camions sur le site de la Socopa, à Villefranche d’Allier.
© S. Chatenet

Sur toutes les lèvres, le même discours qui depuis des semaines semble tourner en boucle dans les cours de fermes. Les éleveurs ont beau compter, calculer au plus près du besoin de leurs animaux, imaginer une position de repli, rien n’y fait… Leur raisonnement se heurte implacablement à un problème central, celui du prix de vente de leurs animaux. «La situation est vraiment tendue. Pour toutes les catégories de bêtes, il y a un problème de rémunération», explique Martine Durin, secrétaire générale de la FNSEA 03. A ses côtés, son collègue, Frédéric Blanchonnet, responsable de la section bovine de la FNSEA 03 confirme «qu’aujourd’hui, il manque entre soixante centimes et un euro pour couvrir les coûts de production». Et à ce tarif là, chaque semaine qui passe, c’est un peu plus de trésorerie qui s’échappe des exploitations et un peu plus d’inquiétude qui grandit dans l’esprit des éleveurs. Quand l’inquiétude vire au désarroi le plus complet, on en arrive à des situations dramatiques comme celle de cet éleveur de l’Orne¹, qui a entamé, lundi dernier, une grève de la faim devant l’abattoir Gacé du groupe Bigard.


Une alerte

En solidarité avec lui et parce que les représentants professionnels estiment que l’aval est allé trop loin dans la politique du moins-disant, «jouant» dangereusement avec les nerfs des éleveurs, la Fédération nationale bovine a lancé mercredi dernier, un mot d’ordre de mobilisation nationale. Plusieurs sites appartenant au groupe Bigard, qui capte 36% du marché de la viande bovine française, ont ainsi été bloqués.Parmi eux, le site Socopa de Villefranche d’Allier, dans l’Allier. Si l’action des éleveurs se voulait, jeudi dernier symbolique, les agriculteurs de la FNSEA 03 et de la FNSEA 63 ont été le porte-voix de l’ensemble des éleveurs du Massif central. Sans détour, ils ont prévenu : «si rien ne se passe rapidement, le coup d’après sera plus offensif». Ce message en forme d’alerte, ils n’ont pas manqué de le réitérer au directeur de l’établissement, Aurélien Guiton, qui les a reçus en fin de matinée.«Vous avez un bel outil, mais il va falloir mettre des moyens pour conserver des agriculteurs à proximité. La crise que traversent les éleveurs est sans précédent, et le plus désolant c’est qu’aucune raison ne la justifie», a commenté Christian Peyronny, président de la FNSEA 63.Un sentiment partagé par Frédéric Blanchonnet qui estime «qu’aujourd’hui, l’aval a la possibilité de mettre en place de l’exportation avec des marchés demandeurs, tout en faisant tourner les outils œuvrant pour le marché français». Et c’est bien en jouant sur ces deux débouchés qu’à terme la filière pourra s’inscrire dans une dynamique pérenne où chacun bénéficiera de prix rémunérateurs.Le directeur de l’établissement a voulu discuter de manière constructive avec la délégation, reconnaissant que «c’est le bassin qui créer l’outil et après l’outil qui préserve le bassin», et fustigeant «être dans une notion de sacrifice de l’élevage». Ça a le mérite d’être dit… Reste à s’en donner les moyens.


Pas de chaise vide

«Pour le consommateur, une augmentation à la production aurait une infime répercussion. Le problème est bien dans la relation entre GMS et abatteurs. En payant la viande moins de quatre euros le kilo, il y a forcément de l’argent gagné par quelqu’un ou alors il y a de l’incompétence. À ce stade, vous n’avez pas le droit de lâcher le morceau», a martelé Christian Peyronny.Pas question pour les éleveurs de s’entendre dire que les produits ne correspondent pas au marché, que les génisses auraient tendance à être trop légères, tandis que les charolaises seraient globalement trop lourdes… «Tant que les cours n’augmentent pas, c’est impossible», a lancé Martine Durin. Pour un réel déblocage de la situation avant l’été, les éleveurs demandent la mise en place rapide d’une table ronde, à laquelle participe l’ensemble des acteurs concernés en premier lieu, Bigard, «car la politique de la chaise vide ne marchera pas une seconde fois».En 2010, alors que les cours avaient déjà dégringolé, les éleveurs du Massif central avaient su se mobiliser en masse pour obtenir gain de cause. Ils avaient bloqué le site de Villefranche d’Allier durant plusieurs jours en novembre, des éleveurs des départements d’Auvergne et du Limousin se relayant jour et nuit. «S’il faut aller jusqu’à un blocus d’envergure et plus long dans le temps, nous d’hésiterons pas», a prévenu Patrick Bénézit, président de la FRSEA Massif central.


¹ À 49 ans, Thierry Thomas engraisse 900 veaux. Si les prix n’augmentent pas, il devra mettre la clef sous la porte.

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