Aller au contenu principal

Semences de ferme
« Les agriculteurs doivent disposer de semences à la hauteur de leurs ambitions »

Interview de Xavier Beulin, président de la FNSEA.

La proposition de loi relative aux certificats d’obtention végétale, en cours de discussion à l’Assemblée Nationale, relance le débat sur les semences de ferme. Xavier Beulin, président de la FNSEA explique qu’il y va de l’avenir de l’agriculture française et de la capacité des agriculteurs à disposer d’un potentiel de semences et de génétique à la hauteur de leurs ambitions en matière de compétitivité, de volume, de qualité et donc de revenu.

On entend dire que la proposition de loi sur les certificats d’obtention végétale va conduire à l’interdiction des semences de ferme, qu’en pensez-vous ?
Xavier Beulin : C’est tout le contraire ! Aujourd’hui, les agriculteurs qui utilisent des semences de ferme à partir de variétés protégées nationalement s’exposent à des contentieux. Il faut mettre un terme à cette insécurité juridique car la FNSEA revendique, depuis toujours, le droit ancestral des agriculteurs à pouvoir utiliser le produit de leur récolte comme semences. La proposition de loi légalise l’utilisation des semences de ferme. Les agriculteurs auront donc toujours le choix.

Oui mais cette légalisation s’accompagne d’une contrepartie qui est la rémunération de la recherche. Cette rémunération est-elle selon vous nécessaire ?
XB : La création variétale est longue et coûteuse. Il faut d’abord se poser la question de l’intérêt d’avoir en France une recherche dynamique qui met au point de nouvelles variétés. Il ne fait aucun doute que les agriculteurs ont besoin de variétés adaptées aux évolutions du marché. Si depuis les années 70 la France a multiplié par deux son rendement en blé, par exemple, c’est bien grâce à la sélection génétique : aujourd’hui nous atteignons en moyenne entre 70 et 75 quintaux par hectare. Mais la création variétale, ce n’est pas uniquement l’augmentation des rendements. L’agriculture doit répondre à plusieurs défis : en termes de diminution des intrants, de tolérance aux ma­la­dies, de résistance au stress hydrique ou de qualités nutritionnelles. Sur tous ces aspects, les agriculteurs savent bien que les variétés actuelles n’ont rien à voir avec celles d’il y a 20 ans ou même 10 ans.

La rémunération des obtenteurs ne va-t-elle pas se traduire par des charges supplémentaires pour les exploitants ?
XB : C’est le même sujet que le téléchargement de films et au­tres musiques et chansons, le Parlement a voté la loi Hadopi afin de protéger les créateurs. N’est-il pas juste de rétablir une certaine équité entre ceux qui choisissent d’acheter les variétés directement auprès des obtenteurs et des distributeurs, et ceux qui préfèrent les reproduire avec des semences fermières ? Il est normal que ces derniers participent aussi au financement de la création variétale puisqu’ils en bénéficient. Mais attention : pas à n’importe quel prix ! La FNSEA jouera pleinement son rôle dans les négociations qui s’ouvriront pour que la contribution soit équitable et acceptable par les agriculteurs. Il faut bien comprendre que la proposition de loi permet aux producteurs de négocier les modalités de fixation de rémunération des obtenteurs, en particulier dans un cadre interprofessionnel. Aujourd’hui, personne ne peut préjuger des résultats de ces négociations, et donc tous les chiffres alarmistes colportés par d’autres syndicats n’ont aucun fondement.

Les plus lus

Comment la France peut aider le Maroc à repeupler son cheptel bovin et ovin ?

Sept ans d'une sécheresse redoutable, couplée aux soubresauts de la géopolitique ont fragilisé l'élevage marocain, si bien que…

Deux hommes devant un silo de ferme faisant décoller un drone
Drone : le nouvel assistant agricole dans les airs de Gaillard

Hervé Combret, éleveur laitier à Saint-Antoine, utilise le drone acheté pour son fils, apprenti agriyoutuber, pour bien d’…

Onze personnes hommes, femmes, posant devant la devanture d'un futur restaurant.
Généreux, joyeux, festif... bienvenue au restaurant Mamija !

Tout en poursuivant leur activité de traiteur, Cyrille et Virginie Geneix ouvrent dans la nouvelle zone commerciale de la…

un groupe de personnes
“Chez Mallet”, depuis 40 ans : le restaurant de Lavastrie est devenu une institution

Véritable institution sur la Planèze de Saint-Flour, le restaurant Chez Mallet à Lavastrie soufflera ses 40 bougies, les 8 et…

Dans la peau d’un membre du comité Safer

Lors de son rendez-vous Terre de rencontres dans le Cantal, la Safer Auvergne-Rhône-Alpes a proposé un exercice…

Le président Jérôme Grasset et le directeur Christophe Arnaudon.
Un nouveau binôme à la tête du GDS Haute-Loire

Le GDS Haute-Loire vient de changer de président et dispose depuis le début de l'année d'une nouvelle direction. Faisons plus…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière