Politique - Sarkozy renoue les liens avec les agriculteurs
Depuis la défaite de la droite aux dernières élections régionales, le chef de l’Etat multiplie les annonces de soutien aux agriculteurs français qui ressentaient depuis un certain temps un désamour de la part de l’Elysée.
Le Président de la République multiplie depuis quelques jours les signes d’attention et de soutien aux agriculteurs français confrontés à une grave crise. Ceux-ci ont dénoncé, depuis quelques mois, un désintérêt de Nicolas Sarkozy pour l’agriculture. Serait-ce l’un des enseignements tirés par le chef de l’Etat de la déroute du parti de la majorité présidentielle aux élections régionales (14 et 21 mars) et de la forte abstention à ce scrutin ? En partie, oui. Dans son discours prononcé le 24 mars à l’issue du Conseil des ministres, au lendemain de la victoire de la gauche dans 21 régions métropolitaines sur 22, il a voulu renouer des liens très distendus avec les agriculteurs. Certes, avant ce vote, Nicolas Sarkozy a déjà laissé entendre qu’il se refusait à étouffer le revenu agricole sous le poids d’une réglementation environnementale excessive ; mais depuis le second tour, des déclarations parfois surprenantes pleuvent !
Le 23 mars, on apprenait de la bouche de François Fillon, Premier ministre, la mise à l’écart du projet de taxe carbone, mesure pourtant chère à Nicolas Sarkozy, qui devra être « européenne » ou ne sera pas, afin d’éviter un dumping environnemental en « (protégeant) notre agriculture et nos industries contre la concurrence déloyale de ceux qui continuent à polluer sans vergogne », a expliqué le chef de l’Etat. Mais son revirement s’apparente davantage à un gage donné au patronat français plutôt qu’à la profession agricole en particulier. En effet, depuis la censure du projet de loi par le Conseil constitutionnel fin décembre, certaines industries comme l’industrie papetière, exemptées de taxe dans le projet initial au motif qu’elles sont déjà soumises au marché européen des quotas de carbone, craignaient de la voir grever leur compétitivité. C’est pourtant ce type d’exemption qu’ont dénoncé les sages du Conseil constitutionnel au motif qu’il était contraire à l’égalité devant l’impôt.
Spéculation et volatilité
En revanche, au sujet de la politique agricole commune (PAC) d’après 2013, débattue dès cette année, Nicolas Sarkozy affiche un clair soutien aux paysans français. Parmi les sujets qui « ne peuvent plus attendre », le Président de la République a cité en premier lieu l’agriculture, avant le financement des retraites des Français ou la sécurité intérieure. « Je le dis clairement : je suis prêt à aller à une crise européenne plutôt que d’accepter le démantèlement de la politique agricole commune et de laisser la spéculation fixer de façon erratique des prix agricoles qui ne permettraient pas à nos agriculteurs de vivre décemment du fruit de leur travail. » Et de poursuivre : « Je ne laisserai pas mourir notre agriculture alors que la question de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaire est devenue cruciale. » Enfin, Nicolas Sarkozy souligne que la France doit « continuer à investir dans l’innovation, la recherche, les infrastructures, nos universités », parce que « c’est la seule façon » notamment « de garder nos agriculteurs ».
Ces derniers, naturellement, apprécient la détermination de Nicolas Sarkozy pour une future PAC forte. La FNSEA est satisfaite des inflexions de l’Elysée (voir l’entretien, dans ces pages, avec son président, Jean-Michel Lemétayer) tout comme l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA). Pour son président, Guy Vasseur, le chef de l’Etat « a pris la dimension de la crise actuelle et la nécessité de redonner des perspectives aux agriculteurs ».