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Politique
Pas de vaches sans herbe… pas d’herbe sans vaches

La secrétaire d’Etat chargée de l’écologie était la semaine dernière en visite sur les terres d’estive du Cantal, démontrant qu’agriculture et écologie pouvaient trouver des intérêts communs.

Pierre Chevalier ne cache pas sa stratégie. Le président de la Fédération nationale bovine (FNB) pense qu’il n’est pas trop tôt pour réfléchir déjà à la politique agricole commune (PAC) de l’après 2013. Et c’est bien dans ce cadre qu’il a invité vendredi 23 juillet dernier en terres cantaliennes Chantal Jouanno, secrétaire d’État chargée de l’écologie.

 

« C’est de l’investissement sur l’avenir », résumait-il à l’issue d’une journée passée à Brezons sur le thème du pastoralisme et de la biodiversité. « Notre élevage à l’herbe n’aura que plus de soutiens s’il remporte l’adhésion de toute la société en prenant en compte des préoccupations environnementales. Nous avons déjà gagné sur le rééquilibrage des aides lors du bilan de santé de la PAC. Nous gagnerons encore sur les zones herbagères inconvertibles si nous avons le soutien de plusieurs ministres », estime le président de la FNB.

 

Brezons, ce n’est pas le Mercosur !

Et Chantal Jouanno n’ignore pas les affaires agricoles. Elle, qui se présente comme la petite-fille d’éleveurs laitiers normands - région où elle passait son enfance à rentrer les vaches, a choisi comme directrice de cabinet l’ancienne collaboratrice de Michel Barnier, un ministre de l’agriculture jugé efficace et estimé de la profession. La secrétaire d’Etat analyse la révision de la PAC sous l’angle du triple enjeu de la qualité, de l’excellence et de l’indépendance alimentaire. Des propos qui ne peuvent que rassurer Patrick Bénézit, représentant cantalien de la FNB, dont il est secrétaire général adjoint, et Louis-François Fontant, président de la chambre d’agriculture du Cantal. Car selon eux, le vrai danger ne vient pas seulement d’une Europe qui n’en finit pas de s’étendre tandis que les enveloppes ne bougent pas, mais aussi et surtout des pays du Mercosur, notamment du Brésil et de l’Argentine. En Amérique latine, on produit de manière intensive de la viande qui n’a ni la traçabilité, ni la sécurité exigées dans l’Union européenne, assurent-ils. Mais surtout, Bruxelles autorise l’importation de ces produits qui viennent à bas prix concurrencer les marchés français, mais aussi irlandais, écossais… Une aberration, pointée du doigt, dont convient Chantal Jouanno. Elle estime que « le libre échange ne fonctionne que si les marchés sont purs et parfaits ; et là, il n’est ni pur ni parfait ». En défendant les produits agricoles français, la secrétaire d’Etat à l’écologie milite aussi pour une forme de valeur de l’identité de la France…

 

Des prairies qui stockent le CO2

« Garder nos prairies naturelles, c’est ne pas se soumettre aux contraintes de production les moins chères comme en Amérique latine », analyse le président Fontant. « Mais le modèle est fragile ; depuis quatre ans, il ne nourrit pas son homme », relève Patrick Bénézit. Pourtant, la prairie naturelle, c’est trois millions d’hectares pour le seul Massif central, sur lesquels paissent deux millions de vaches. Et leur rôle environnemental n’est plus à démontrer : elles stockent bien plus de CO2 que les vaches ne peuvent en émettre. Le ratio positif précis est en cours de calcul par l’Inra. On sait que la moyenne basse fait apparaître un stockage de carbone autour de 500 kilos par hectare et par an ; les dernières estimations tendant plutôt vers la tonne… Largement de quoi compenser les émissions des moteurs biologiques que sont les estomacs des bovins. « Et puis il faut arrêter de dire des bêtises », lance Chantal Jouanno, décidée à battre en brèches quelques notions qui ont actuellement cours dans les milieux écologistes. « Ne pas manger de viande au nom de l’écologie est une fausse bonne idée. L’écologie, c’est le respect des équilibres naturels. Et la nature nous a voulu omnivores. C’est dire que nous avons besoin de protéines animales et donc de consommer de la viande. En outre, nous avons besoin, dans notre propre pays, de trouver les ressources de l’alimentation de base », ajoute-t-elle, prônant la consommation de viande rouge française. À l’heure de la mondialisation, Patrick Escure, président de la FDSEA du Cantal, rappelle les enjeux économiques du maintien de ce type d’agriculture de montagne. Il réclame des prix plus rémunérateurs, mais aussi un soutien politique accru. « Car si la nature et le climat ont façonné le relief, c’est bien l’homme qui fait le paysage », lance-t-il à Chantal Jouanno. Pierre Chevalier formule le vœu que la secrétaire d’état française fasse sienne l’idée d’un soutien différencié avec ses collègues européens. « Vous avez besoin de nous, nous avons besoin de vous », comprend la membre du Gouvernement. Elle cite aussi d’autres domaines où les agriculteurs interviennent en faveur de la préservation de l’environnement, comme les zones humides ou les haies. Convaincue du lien étroit entre agriculture et écologie, Chantal Jouanno estime légitime de prétendre à « une rémunération pour services rendus à l’environnement ». Avec les accents de la sincérité, la secrétaire d’Etat a assuré la petite centaine d’agriculteurs présents à l’heure des discours de son profond respect pour les éleveurs : « Un métier qui ne séduit pas les adeptes des 35 heures mais qui démontre l’attachement au pays ».

La journée athlétique de la plus sportive des membres du Gouvernement

Chantal Jouanno n’a pas totalement renoncé à sa carrière de karatéka. Sportive de haut-niveau, son palmarès inclut douze coupes de France, autant de titres de championne de France et un titre de championne d’Europe universitaire. Alors qu’elle était déjà en poste au Gouvernement, le 7 mars dernier, elle a remporté le championnat de France par équipe avec ses coéquipières Véronique Mesnil De Vido et Léna Pyrée, à l’occasion de son retour en compétition. C’est dire que la montée du Puy Gerbel à 1 640 m ne lui a pas posé de difficultés particulières. De là-haut, la secrétaire d’État à l’écologie a pu apprécier l’étendue des estives à perte de vue et le très faible taux de chargement des hectares. Après un déjeuner sous la voûte en encorbellement du buron de la Combe de la Saure, en compagnie des professionnels, des élus locaux et de son collègue le secrétaire d’Etat Marleix, elle s’est rendue sur l’exploitation de M. et Mme Delcher, nichée à 1 100 mètres d’altitude. Une petite centaine d’éleveurs étaient présents pour écouter les messages des uns et des autres. L’occasion aussi pour Alain Marleix de saluer la position du syndicat majoritaire, « le vrai, celui qui se bat dans l’intérêt des agriculteurs et qui n’a pas pour fin de la politique politicienne »…

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