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Les éleveurs en quête de revalorisation des prix

Réunis à Rodez pour leur congrès annuel, les 4 et 5 février, les éleveurs de la Fédération nationale bovine ont insisté sur la nécessité de retrouver des prix rémunérateurs pour retrouver un peu d’espoir.

Les problèmes de trésorerie étaient au cœur du congrès de la Fédération Nationale Bovine (FNB) Mais au-delà des problèmes conjoncturels, c’est la rentabilité de la production qui était en cause. Les éleveurs doutent de la capacité de la production à leur fournir un revenu satisfaisant. Cette crainte a été corroborée par les analyses du Crédit agricole et les observations récentes d’experts du ministère de l’Agriculture. À ce malaise s’ajoute l’incertitude créée par le ministère de l’Agriculture lui-même, qui tarde à dévoiler les conditions d’obtention de la nouvelle prime à la vache allaitante. Le discours vidéo de Stéphane Le Foll a été boycotté par une partie des congressistes.
Pourtant, les éleveurs venus de toutes les régions d’élevage parmi lesquels une délégation creusoise composée de Christian Arvis, Pascal Lerousseau, Pascal Josse et Jean-Philippe Viollet représentant l’APCA, comptaient beaucoup sur l’écoute du ministre de l’Agriculture et les réponses qu’il pourrait apporter. Empêché en raison de la conférence de presse du président de la République, Stéphane Le Foll s’est contenté d’un message vidéo que de nombreux éleveurs n’ont pas souhaité écouter en quittant la salle. Leur déception a été d’autant plus importante qu’il n’a pas apporté de réponses claires aux questions en suspens : les modalités d’attribution de la prime à la vache allaitante, les nouveaux critères de l’indemnité compensatrice de handicap naturel toujours en négociation avec Bruxelles. Sans parler de la directive nitrates, du nouveau zonage et des dispositions qui devraient être retenues pour le stockage des lisiers en plein champ, l’épandage des engrais dans les pentes et le calendrier d’épandage. Les réponses sont renvoyées à un rendez-vous avec les responsables de la FNB, dans quelques jours, le 16 février.
Ceci étant, le congrès s’est surtout focalisé sur le prix de la viande à la production qui reste désespérément bas depuis quelques années. « C’est le point majeur », a martelé Pierre Vaugarny, le secrétaire général. « 0,70 euro/kg sont volés aux éleveurs depuis deux ans » a renchéri le président, Jean-Pierre Fleury. « La revalorisation des prix, c’est la seule solution pour redresser les trésoreries » a-t-il ajouté.

Une crise structurelle
Cette crise est non seulement conjoncturelle, constatent-ils – c’est le cas dans de nombreuses filières en 2014 – mais elle est aussi structurelle. « Depuis 2007, seule l’année 2012 a permis aux éleveurs d’enregistrer un revenu supérieur à 20 000 euros. Cela pénalise les possibilités de modernisation », observe le directeur de l’agriculture chez Crédit Agricole SA, Baptiste Lelyon. « La filière bovins viande est celle qui dégage le moins de revenu », assure-t-il, derrière les filières ovines. « Sur mes quatre derniers bilans, trois sont négatifs », illustre un éleveur de la région Centre. « J’ai dégagé 7 000 euros en 2014, rapporte un autre, en zone charolais. Arrivé à 7 000 euros de revenu, on n’arrive plus à faire vivre notre famille, on creuse les dettes. C’est maintenant qu’il faut agir car c’est toute l’économie rurale qui peut en souffrir ». « La rentabilité de la filière est sur la table », expliquait Jean-Pierre Fleury. « Il faut s’emparer du problème structurel de la filière pour que les pouvoirs publics lui redonnent des moyens », a plaidé le secrétaire général de la FNSEA Dominique Barrau.
Conséquence donc, des trésoreries exsangues, des dettes fournisseurs impossibles à rembourser, des ouvertures de crédit auprès des banques, un revenu qui dépasse péniblement 14 000 euros en 2014 et qui le positionne au dernier rang de l’agriculture. 15 % des éleveurs seraient en difficulté dans le département de l’Aveyron, selon un représentant du Crédit agricole. D’ailleurs, à la demande de la FNB, le ministre de l’Agriculture a confié une mission à un haut fonctionnaire pour faire un diagnostic et proposer des solutions.
Les éleveurs accusent les grandes surfaces qui se livrent à une guerre des prix et qui ne jouent pas le jeu de la segmentation des viandes et de l’origine, voire même de la traçabilité. Le président de la FNB les a clairement visés : « nous avons mené des actions en 2014, nous avons conservé des cartouches pour 2015 » a-t-il menacé si la situation ne s’améliore pas dans les semaines qui viennent. Dans le collimateur également, la restauration collective et notamment les élus qui ne doivent pas s’exonérer de leurs responsabilités en matière d’approvisionnement. Sans parler des contraintes environnementales et administratives qui ne cessent de s’accumuler et qui donnent le sentiment aux éleveurs qu’ils sont abandonnés par les pouvoirs publics français et européens.
Des chantiers à boucler en 2015
Pour sortir de l’ornière, la FNB s’est fixé trois axes de travail principaux. Sur le dossier de la reconquête de la qualité des viande (et de la segmentation des produits en grande distribution), Jean-Pierre Fleury souhaite « siffler la fin de la partie » le 1er juin prochain. « La responsabilité de la réussite ou de l’échec de ce dossier incombera à la grande distribution », estime-t-il. Certains agriculteurs ont plaidé pour que certaines carcasses, les moins bien conformées, n’aient plus leur place dans les rayons libre-service des grandes surfaces. Sur le dossier de la restauration hors domicile, ils proposent aux éleveurs d’interpeller le monde politique à l’occasion des élections départementales et régionales, de leur dire « d’inscrire clairement [...] la priorité aux viandes de nos régions ». Le développement des débouchés à l’export est le seul motif de satisfaction de la FNB, où elle donne « la moyenne » au ministre de l’agriculture. Ce congrès s’intitulait « entre perspectives et difficultés » : c’est probablement de ce dossier que pourrait venir en 2015 une amélioration des perspectives des éleveurs bovins viande.

La position du Massif central

À Rodez, Angélique Delaire, productrice de veaux de boucherie dans le Puy-de-Dôme, a pris la parole au nom de la section bovine du Massif central. Concernant l’ICHN, elle a rappelé que sa région militait en faveur de la prise en compte des surfaces en céréales autoconsommées ; du maintien des critères actuels pour le calcul du chargement ; du maintien de la condition d’éligibilité liées d’une part au siège de l’exploitation et d’autre part à l’exploitant qui devra avoir moins de 65 ans. Sur la PMTVA, le Massif central souhaite que le nombre de droits obtenus par exploitation ne soit pas inférieur au nombre de vêlages, que la période transitoire puisse prendre en compte les évolutions d’exploitations et enfin que le système de gestion nationale des références soit retenu. Angélique Delaire a réaffirmé l’opposition du Massif central à l’extension des zones vulnérables. Enfin, le Massif central considère le développement de la politique d’export et la défense du « mangez français » comme deux priorités. Concernant le projet d’engraissement collectif de veaux de La Courtine en Creuse, la section bovine régionale attend un vrai positionnement de l’État pour défendre le projet, « source de développement et d’emplois ».
Sophie Chatenet

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