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Le pâturage dynamique en ovin allaitant bio

© CDA 23

Pour la 9e édition du Mois de la Bio organisé en novembre dernier, la Chambre d’agriculture de la Creuse a proposé une Porte Ouverte au Gaec des Montagnes à Boussac-Bourg, chez Pierre et Laurianne Grancher, sur le thème du pâturage tournant dynamique. Cette journée fut très enrichissante grâce à de nombreux échanges et interactions.
Au cours de cet événement, Pierre Grancher a présenté son système ovin allaitant bio inspiré du système herbe néozélandais. De sa conception à son fonctionnement au quotidien, c’est un système efficace au regard des résultats techniques obtenus. Hervé Feugère, conseiller fourrage à la Chambre d’Agriculture de la Creuse a complété cette intervention en mettant en avant les points clé de la réussite du pâturage tournant dynamique.

Faire les bons choix et anticiper
À leur installation, il y a un peu plus de 2 ans, Pierre et Laurianne ont réalisé des analyses de sol sur leurs différentes parcelles afin de connaître leur potentiel agronomique et pouvoir ainsi l’améliorer. D’un pH de moins de 5 ils sont passés, en deux ans, de 5,5 à 5,8. Cette élévation du pH a ainsi permis l’implantation de cultures comme le sorgho fourrager et de la luzerne pure.
Pierre a fait le choix de races productives et rustiques pour diminuer les risques sanitaires. Mais dans les faits, le troupeau qu’il avait acheté présentait des carences qui ont engendré de nombreuses pathologies. Il a dû, en conséquence, procéder à une sélection drastique des agnelles ainsi qu’à de nouveaux achats de renouvellement.
Concernant le pâturage, il a commencé par prévoir toute l’installation en eau. Il a ainsi installé 2 km de conduites en polyéthylène avec des vannes tous les 100 m afin de n’avoir que le bac d’abreuvement à déplacer. Il a ensuite construit ses paddocks qu’il redécoupe en fonction du nombre d’animaux à pâturer (en moyenne 1,2 ha pour 350 brebis/jour).
Il a implanté un mélange de qualité dans ses pâtures avec un semis de plantes à tanins.
350 brebis en moyenne séjournent par paddock pour une durée maximale de 2 jours selon la quantité d’herbe disponible. Le retour d’un troupeau sur une parcelle est d’environ 21-28 jours en période productive et de 6-8 semaines en périodes estivales sèches. Parfois les taries pâturent derrière les brebis gestantes car elles présentent des besoins alimentaires moins conséquents.

Les avantages du système
- La charge de travail est diminuée par 2
- Le temps ainsi dégagé permet une seconde activité de tondeur pour Pierre.
- Les associés n’utilisent plus de concentré pour finir les agneaux.
- La période d’hivernage est raccourcie à 2 mois uniquement pendant la période d’agnelage qui est conduite en bâtiment pour plus de surveillance.
- La quantité de fourrage à produire est relativement faible grâce au pâturage dominant, ce qui représente un gain économique.
- La flore des parcelles est plus diverse et les refus sont moindres.
- Les brebis sont dociles et faciles à manipuler

Points de vigilance
- Le pâturage tournant ne s’improvise pas, une formation est nécessaire.
- L’achat d’un troupeau souche sain est primordial pour démarrer son activité, dans le cas de Pierre, il doit aujourd’hui racheter des souches de brebis moins sensibles aux maladies.
- Les paddocks ne sont pas suffisamment ombragés, un travail de réimplantation de haies est en cours.
Les points clé du pâturage tournant dynamique à observer rigoureusement
1) Construire son système autour de l’abreuvement : Faciliter l’accès à l’eau pour éviter un surplus de travail lié à l’apport d’eau quotidien
2) Diriger le troupeau en implantant des clôtures fixes ou mobiles efficaces afin de découper les parcelles en paddocks de taille adaptée au troupeau à pâturer. Dans le cas d’un pâturage tournant dynamique prévoir de petites surfaces pour de nombreux animaux.
3) Gérer son herbe :
- Déprimer au plus tôt (fin février/début mars) pour un bon départ de la végétation,
- Prévoir des séjours de 1-2 jours maximum par paddocks (sortie des animaux avant atteinte de la gaine),
- Respecter un temps de repos d’au moins 21 jours avant retour sur le paddock.
- Tenir compte du potentiel de la parcelle : Un centimètre d’herbe produit en moyenne 100 kg de MS/cm/ha. Selon le potentiel de la parcelle, 30-50 ares/UGB journaliers sont donc nécessaires.
- Prendre en considération le stade de pâturage pour équilibrer la ration :

Stade UFL/Kg MAT
Épi 0,96 16 %
Épiaison 0,89 13 %
Floraison 0,66 9 %

Produire plus et gérer son herbe permet de diminuer la quantité de concentré distribuée, selon sa SAU en herbe et sa répartition entre surface de base (pâturage) et surface complémentaire (stock). économiquement c’est donc plus intéressant.
Remerciements à Pierre et Laurianne Grancher pour leur accueil et le temps qu’ils ont accordé à cette journée ainsi qu’à Hervé Feugère pour son partage de connaissances.
Cette journée qui s’inscrivait dans le cadre du Mois de la bio a bénéficié des financements de Bio Nouvelle-Aquitaine, Chambres d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Interbio Nouvelle-Aquitaine, Union Européenne et région Nouvelle-Aquitaine

Contact, informations : Diane Magnaudeix, conseillère bio à la Chambre d’agriculture de la Creuse au : 05 55 61 50 13 ou diane.magnaudeix@creuse.chambagri.fr

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