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« Le monde agricole c’est tout un pan économique de notre département »

Nicolas Simonnet, vice-président du Conseil Départemental de la Creuse en charge du développement économique, de l’agriculture et du tourisme.

© MH

Lors de sa dernière session plénière, le 13 octobre, le Conseil Départemental de la Creuse a voté une enveloppe exceptionnelle de soutien à l’agriculture pour la mise en place d’une mesure d’aide à l’achat de semences de prairies et de dérobées.

Nicolas Simonnet, vice-président du Conseil départemental en charge du développement économique, de l’agriculture et du tourisme évoque cette aide et plus largement l’accompagnement du monde agricole envisagé par la collectivité.

Dans quel état d’esprit, avec quelle volonté le Conseil départemental a-t-il décidé la mise en place de l’aide au semis de prairies et de dérobées* ?
La volonté de la présidente, Valérie Simonet et de la majorité, c’est de soutenir le monde agricole dans une situation de crise climatique comme on a rarement connu en Creuse puisque selon les données de Météo France, nous avons été le département le plus touché par la sécheresse. Il nous est paru évident, malgré des contraintes budgétaires prégnantes, d’aider les éleveurs à travers une aide à l’achat de semences pour les cultures de dérobées et à la reconstruction de prairies. Nous sommes conscients que le monde agricole c’est tout un pan économique du département avec tous les emplois directs et indirects qui y sont liés.
Notre volonté est donc de faire voir que nous sommes associés à l’agriculture creusoise. On apporte ainsi un soutien à un acteur économique mais aussi  social, car quand les personnes sont en situation de fragilité c’est nous qui prenons le relais, le social étant notre cœur de métier.
Sur ma proposition, avec la présidente, nous avons rencontré les responsables professionnels. Cette aide là est le fruit d’un travail de concertation. Nous avons voulu un formulaire simple.
Nous avons conscience que l’enveloppe débloquée n’est pas suffisante par rapport aux besoins, mais nous ne pouvions pas faire plus financièrement. Sur la répartition de l’aide, sur le plafonnement, nous avons travaillé à l’optimisation de la répartition de cette enveloppe avec le monde agricole.

Comment se décline donc cette aide concrètement ?
L’enveloppe est de 200 000 euros. Pour cela, on a du faire l’impasse sur des investissements qui étaient prévus, prendre des crédits sur le pôle développement, prendre des crédits sur des investissements qui ne se feront pas cette année mais qui se reporteront l’année prochaine dans la mesure du possible. En prenant donc un peu partout, on arrive à ce montant là. Cela a été compliqué mais nous avons réussi.
L’aide sera donc forfaitaire de 30 euros/ha plafonnée à 7 ha par exploitation, ce qui correspond à une moyenne de ce qui se pratique annuellement dans les exploitations du département.
L’aide porte à la fois sur les semences de cultures dérobées et de prairies. En revanche, sur les surfaces en maïs qui représentent 13 000 ha en 2015, il nous était financièrement impossible de les passer dans l’enveloppe.
La Région a de son côté fait un dossier. Les deux aides sont cumulables et se complètent bien, les espèces éligibles étant sensiblement les mêmes.

Hormis cette aide qui s’inscrit dans un cadre strictement conjoncturel, le Conseil départemental a-t-il des projets pour l’agriculture creusoise ?
On a plein de projets en tête mais le souci est que l’on a des obligations réglementaires, et on sait depuis la promulgation de la loi NOTRe au mois d’août que le département n’aura plus la compétence dans le domaine économique agricole. La compétence va devenir régionale et donc on est dans l’expectative. Dès que la nouvelle assemblée régionale sera installée, nous prendrons rendez-vous avec le nouveau président pour savoir concrètement les compétences que la nouvelle grande région nous laissera. La possibilité d’avoir des compétences partagées Département/Région existe mais au bon vouloir de la Région… Si aucune compétence ne nous est laissée, ça veut dire que nous ne pourrons plus intervenir sur le chèque installation, le dispositif d’aides aux exploitations fragiles ou l’accompagnement de structures agricoles. La seule compétence conservée sera l’aide aux CUMA car elle s’inscrit dans des programmes coopératifs.
Notre perception est qu’il nous faut absolument avoir un service de proximité. Cela ne peut pas être géré depuis Bordeaux. Sur le dossier chèque installation par exemple, où le Département travaille vraiment en contact avec Jeunes Agriculteurs et la Chambre d’agriculture, on ne peut imaginer une gestion depuis la nouvelle capitale régionale. L’échelon départemental est un échelon de proximité indispensable.
En résumé, on a envie de continuer l’accompagnement du monde agricole mais en l’état de la loi on ne peut plus. On attend de voir avec la nouvelle assemblée régionale.
Sur l’approvisionnement en produits locaux des restaurations hors foyer, Agrilocal 23 avait été lancé en 2014. Qu’en est-il de cet outil aujourd’hui ?
On a complètement relancé le système. On y travaille en collaboration avec la Chambre d’agriculture. Nous avons, la présidente et moi-même, rencontré récemment notre homologue, Pascal Coste, président du Conseil départemental de la Corrèze pour s’imprégner d’Agrilocal 19 qui fonctionne très bien et fait beaucoup de tonnages. On se dit si cela fonctionne là-bas, pourquoi pas chez nous ? Lait, légumes, fruit, œufs… les volumes sont importants. Auparavant sur Agriolocal 23 l’idée avait été lancée mais les élus n’avaient pas mis les moyens humains en face pour que cela fonctionne. Personne ne faisait l’interface. Nous avons donc détaché une personne des services sur le dossier et on met en ce moment les bouchées doubles. Des rencontres sont en cours avec les collèges pilotes Bourganeuf et Auzances. On veut lancer la machine pour les 17 collèges en Creuse dès la rentrée 2016. On veut également réinstaurer la collation de la matinée avec des produits locaux sous la forme d’un fruit par exemple. On souhaite faire en sorte que les cuisiniers travaillent des produits locaux. Ils ont tout le matériel pour cela que le département a financé. Ce sont des habitudes à changer. Il ne faut plus être dans la facilité, il faut redonner le goût des aliments aux enfants. C’est un rôle pédagogique et économique pour le territoire. On a les EHPAD aussi. Les résidents sont quand même en grande majorité issus du milieu rural voire même agricole. Quand on voit ce qu’on leur sert, c’est tout simplement inacceptable.
Quand on évoque ce schéma d’approvisionnement en produits locaux, l’argument avancé souvent est que cela coûte trop cher…
On nous dit que cela coûte cher en effet mais c’est faux. Toutes les études montrent que le prix n’est pas un frein, c’est simplement une question d’habitude. Des mauvaises habitudes ont été prises depuis des décennies, il faut les changer.
En servant des produits de qualité, on économisera sur le gaspillage qui peut se faire actuellement.
On va donc inciter fortement ces institutions à s’inscrire dans cette démarche d’achats de produits locaux car on a un véritable savoir-faire dans notre département et des productions de qualité. On va même plus qu’inciter, on va être directifs !

* les formulaires d’aide au semis de prairies et de dérobées départemental et régional sont disponibles en téléchargement sur le site de la FDSEA 23 (www.fdsea23.fr) et à renvoyer avant le 30 novembre 2015. Vous pouvez également vous rapprocher de votre GDA.

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