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La FDSEA et les JA demandent « une juste rémunération des agriculteurs »

© AM

À l'appel de la FNSEA et des JA, une journée nationale d'action était organisée dans tous les départements, ce mercredi 20 janvier pour défendre « une juste rémunération des agriculteurs ».
Mais indépendamment de ce mot d'ordre national, la volonté d'organiser une action syndicale était déjà dans les têtes des responsables de la FDSEA et des JA pour clamer haut et fort une meilleure rémunération des agriculteurs et dénoncer la non-application de la loi EGALIM.
En cette période de crise, les agriculteurs veulent se faire entendre et pour ce faire, pas moins de 150 d'entre eux s'étaient rassemblés sur la place Bonnyaud à Guéret dès 13 h 30, ce mercredi 20 janvier 2021 pour dénoncer devant les pouvoirs publics les lacunes de la loi EGALIM, mais aussi pour démontrer aux grandes enseignes guéretoises, Leclerc, Carrefour et Intermarché, que le monde agricole est toujours vivant et prêt à l'action.
Emmené par Christian Arvis, président de la FDSEA et Michael Magnier, président des JA, le message des responsables agricoles était limpide : « Nous nourrissons chaque jour la population française, nous méritons d'être dignement rémunérés pour cela. Nous réclamons les rémunérations qui nous sont dues, plutôt que voir les marges de la grande distribution augmentées de façon honteuse ».

EGALIM, une loi à finaliser
Dans une conjoncture déjà très difficile, et en toile de fond, la loi EGALIM reste l'épicentre de cette crise avec l'épineux problème de la non prise en compte des coûts de production et par conséquent celui de la rémunération des éleveurs.
« Alors que cette loi devrait assurer une meilleure répartition de la valeur ajoutée et une répartition des marges à chacun des maillons de la filière, force est de constater qu'elle ne permet toujours pas aux éleveurs de vendre leurs produits à un prix cohérent en tenant compte de nos coûts de production », dénonce Christian Arvis, président de la FDSEA.
Deux ans après la promulgation de la loi Egalim, les producteurs sont toujours pris en étau entre des charges grandissantes et une grande distribution hypocrite qui ne cesse de s'enrichir sur le dos agriculteurs avec une progression de 1,8 % de leur chiffre d'affaires.
De la même manière, le relèvement du seuil de revente à perte a permis aux distributeurs de dégager plus de 600 millions d'euros, qui auraient dû en toute logique se retrouver dans les cours de ferme. Au contraire, les prix payés aux producteurs ont été méthodiquement rognés et les acteurs de l'aval se renvoient mutuellement la responsabilité des prix bas.
Mais la grande distribution n'est pas la seule à blâmer, dans certaines filières, les exportateurs, les transformateurs ainsi que les industriels ont été aussi aux abonnés absents lorsqu'il s'est agi de se réunir pour promouvoir notre agriculture, la qualité de nos produits et défendre une juste rémunération pour les éleveurs.

Ajuster les prix
Le travail réalisé par les différents instituts démontre bien le décalage entre les prix à la production qui restent bien en deçà des coûts de production. Comme le réclamait les organisations syndicales, « nous sommes encore loin de la bonne application de la loi EGALIM, avec des prix construits « en marche avant » de l'amont vers l'aval des filières et une prise en compte des coûts supportés à l'amont et transmis jusqu'au consommateur »
La loi EGALIM n'est pas du tout une réalité.
L'action syndicale s'est poursuivie devant les enseignes de la grande distribution. L'occasion de mettre la pression sur les directeurs de magasin et rappeler aux consommateurs que manger français est une façon de préserver notre agriculture.
Les manifestants, répartis dans de nombreuses voitures et même en bétaillère pour certains, se sont d'abord dirigés vers Carrefour. Arrivé devant les portes du magasin, l'adjoint du directeur a reçu les responsables agricoles en expliquant qu'il était prêt à discuter avec eux, autour de la table, sur les méthodes d'approvisionnement et les chiffres du magasin en toute transparence.

Des enseignes sur la défensive
Avec une méthode quasi militaire, certains agriculteurs se sont dirigés vers le rayon boucherie et d'autres vers les rayons des produits laitiers pour y coller des étiquettes, on pouvait lire sur les barquettes des produits carnés, « Prix à la production 3,50 EUR le kilo carcasse, coûts de production 4,50 EUR kilos à qui profite la différence ? ». Idem les packs de lait : « Prix du lait payé aux producteurs 0,33 EUR le litre, coûts de production 0,40 EUR le litre à qui profite la différence ? » Au départ du cortège, quelques balles de foin étaient également dispersées par les JA devant les portes du magasin.
La seconde étape était Intermarché, où à son tour le directeur était présent à l'entrée du magasin. Déjà la veille, la FDSEA avait constaté une erreur d'étiquetage sur une  barquette de viande, indiquant  sa provenance d'Irlande, alors que le magasin se targue de ne commercialiser que la viande française. Le président Christian Arvis, outré de cette pratique commerciale fustigeait le directeur « que l'on ne pouvait tolérer de telles pratiques alors que la Creuse est un département d'élevages par excellence. C'est faire preuve de tromperie envers les consommateurs ! ». D'autant plus qu'un accord de partenariat avait déjà été conclu depuis des années avec les jeunes agriculteurs.
La dernière rencontre fut sans doute la plus houleuse devant l'entrée du centre Leclerc. Un accueil très tendu avec le nouveau directeur arrivé à Guéret depuis quelques mois.
En expliquant de nouveau les raisons de cette action et pointant du doigt la répartition des marges de la grande distribution, les responsables agricoles ont dénoncé les méthodes commerciales peu orthodoxes de certaines enseignes. Des échanges peu enclins à la discussion, mais le directeur admet vouloir débattre de ces sujets en d'autres lieux.
Avant de sortir du parking, quelques balles de foin étaient posées devant les portes du magasin au grand étonnement de son responsable.
Après un arrêt rapide devant la permanence du député Jean-Baptiste Moreau, absent en raison d'un rendez-vous avec le ministre de l'Agriculture ce même jour, quelques branchages étaient posés devant sa grille, le cortège continua de se diriger en direction de la préfecture. En présence des forces de police, la préfète Virginie Darpheuille accompagnée de Vincent Turpinat, suppléant du député Jean-Baptiste Moreau, recevait les agriculteurs devant le parvis de la préfecture.
Pour Christian Arvis, « dans la filière la viande bovine, tous les indicateurs sont au vert, volume, consommation, exportation, mais comment expliquer aux agriculteurs que les prix ne décollent pas, alors que dans le même temps, les charges ne cessent d'augmenter ! La loi EGALIM n'apporte pas les effets escomptés, il faut aller de l'avant Madame la Préfète » lance-t-il à la représentante de l'État.
Pourtant une réunion avec les acteurs de la filière avait eu lieu à Ajain, en décembre, mais force est de constater que les coopératives et négociants ne font guère d'effort pour chercher un meilleur équilibre des marges. D'autant plus lorsque les distributeurs engrangent une plus-value de plus de 600 MEUR sur le seuil de revente à perte.
Le président a également indiqué que la vaccination contre la FCO était devenue complètement obsolète et qu'elle n'avait plus lieu d'être. « C'est un vaccin commercial » souligne-t-il, alors que le ministère de l'Agriculture envisage un allongement du délai de carence de 60 jours après la deuxième injection.
Abordant le chapitre de la consommation hors foyer, le président de la FDSEA a rappelé à Madame la Préfète, mais aussi à Vincent Turpinat qu'en matière de restauration hors domicile, « tout le monde devait prendre ses responsabilités, pouvoirs publics, élus, collectivités territoriales pour prioriser la consommation des produits locaux ».
Consciente des difficultés du monde agricole, la préfète Virginie Darpheuille admet que cette mobilisation démontre bien l'exaspération des agriculteurs creusois et que l'élément majeur de cette crise résidait dans la rémunération des éleveurs. « Cette action, sonne comme une caisse de résonance pour le Gouvernement. Les services de l'État sont aux côtés des agriculteurs et que toutes les demandes émises par la profession agricole sont transmises au ministre de l'Agriculture. »
Reprenant le sujet de la restauration hors domicile, elle précise que « c'est un dossier qui est à notre portée et nous ferons tout notre possible pour le faire aboutir en Creuse ».
Pour sa part, Vincent Turpinat rappelait qu'au sujet des cantines scolaires, « il appartenait à chacun des maires du département de s'engager dans cette démarche », mais en précisant « qu'il s'agi[ssai]t avant tout, d'un projet politique et qu'il [fallait] le faire valoir lors des prochaines élections », sachant que le maillon faible de ce système restait la logistique.
Parallèlement, la préfète réunira prochainement autour de la table, tous les responsables de la grande distribution creusoise avec les représentants agricoles pour discuter de la répartition de la valeur ajoutée.
Avant de conclure cette action syndicale, le président Christian Arvis a souligné les déficiences de l'État sur les lignes budgétaires du plan « protéines ». La préfète avouera elle-même avoir été surprise par la rapidité de la consommation de cette enveloppe.
« Cette action démontre bien le malaise de la profession agricole » soulignait le président Christian Arvis, tout en rappelant que la FDSEA sera toujours présente à la table des négociations sur la restauration hors domicile.

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