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La besnoitiose, un premier cas clinique confirmé en Creuse

C’est une maladie vectorielle provoquée par un parasite de la famille des coccidies. Le bovin n’est que l’hôte intermédiaire, mais c’est l’animal le plus cliniquement atteint et de manière incurable. Les symptômes cutanés dominent conduisant à une non-valeur économique.

© GDS Creuse

La maladie est due à un parasite microscopique qui s’apparente à une coccidie. Le nom de Besnoitia besnoitii fait référence au nom du chercheur (Benoist) qui a découvert le parasite au début du XXe siècle. On ne connaît pas avec certitude l’hôte définitif du parasite en Europe. Le bovin et le zébu ne sont que des hôtes intermédiaires mais sont les espèces cliniquement atteintes.

Une dissémination nationale
La besnoitiose bovine (ou anasarque des bovins ou maladie de la peau d’éléphant) est une maladie historiquement connue dans l’Europe du sud (Espagne, Portugal) et le sud de la France (Pyrénées). Elle semblait vouée à l’extinction en France (aucune observation entre 1970 et 1990). Pourtant, elle connaît une expansion géographique marquée depuis 1995 sous la forme de foyers présents d’abord dans le quart sud-ouest de la France, puis au sud de la Loire et maintenant sur les 2/3 sud du territoire national.

Une transmission par les insectes piqueurs… une dissémination par camion !
Sa dissémination récente au niveau de la France et son expansion vers l’Europe centrale est principalement due à l’introduction de bovins contaminés au sein de troupeaux indemnes qui servent d’amorce au foyer. Cette maladie vectorielle est alors transmise par des insectes piqueurs (taons, mouches piqueuses) lors de leur repas dans un rayon de moins de 50 mètres mais également par l’emploi d’aiguilles à usage multiple. Elle apparaît d’abord par foyers disséminés, cantonnés à une vallée ou un périmètre bien défini puis diffuse autour pour devenir endémique. Elle est peu connue des éleveurs et des vétérinaires ce qui explique le diagnostic souvent tardif de la pathologie dans un élevage.

Une évolution progressive des symptômes en 3 étapes…
Du fait de la transmission par les insectes hématophages, c’est une maladie plutôt saisonnière, sévissant à la belle saison. Plus de 80 % des cas cliniques sont identifiés entre juin et septembre. De nombreux bovins touchés par la besnoitiose parviennent à maîtriser l’infection par réaction immunitaire et deviennent alors porteurs latents sans en exprimer les symptômes. Ceux qui ne maîtrisent pas l’infection vont développer la maladie dans des délais très variables, allant de 15 jours à plusieurs mois. Après une incubation de 6 à 10 jours, trois phases se succèdent.

… un syndrome fébrile type grippal, suivi d’œdèmes et de sclérodermie terminale
Pendant 3 à 10 jours, le bovin malade est très essoufflé, fuit la lumière, a les yeux et le nez qui coulent et présente une forte fièvre (+41 °C). On peut à ce stade confondre avec une grippe mais la peau devient congestionnée et est très sensible au pincement.
La fièvre disparaît puis des œdèmes apparaissent pendant une à deux semaines : yeux gonflés, testicules ou mamelles enflés, peau chaude, douloureuse, démarche raide. Les lésions sont déjà plus identifiables. Le parasite se développe au sein de divers tissus (muqueuses, peau…). Les œdèmes se résorbent progressivement, la peau dans les régions atteintes s’épaissit, se plisse et se cartonne. Les poils tombent et se raréfient. Les animaux atteints présentent des difficultés pour se déplacer, s’amaigrissent progressivement. Cela entraîne la stérilité totale de 2/3 des taureaux, une chute de la production laitière et peut même provoquer la mort dans les cas les plus graves. Les jeunes bovins entre 2 et 4 ans sont les plus sensibles et la clinique est plus sévère sur les mâles, chez qui la mortalité peut atteindre 10 %.

Un diagnostic clinique et analytique
Le diagnostic se fait généralement sur la base des signes cliniques lorsque l’élevage se trouve en zone où la prévalence est forte. En fin d’évolution les lésions sont caractéristiques mais avant ce stade l’observation attentive des zones à peau fine et des yeux permet de constater la présence de petits kystes sur la muqueuse vaginale ou la sclère. Ils apparaissent environ 1 mois après le début de la maladie et c’est un signe très spécifique de la maladie.
Un test sérologique est disponible mais il ne détecte que les animaux infestés depuis plus d’un mois. Les données sérologiques accumulées sur les dix dernières années montrent que dans un cheptel, de nombreux bovins sont porteurs du parasite sans jamais avoir manifesté la maladie. Ce constat confirme qu’il existe une forme de portage asymptomatique du parasite.

Des moyens de lutte individuelle limités
De fortes doses d’anti-infectieux (type sulfamides) dans les trois premiers jours de la maladie permettent de limiter les symptômes. Cependant, l’animal reste porteur du parasite et source de contamination pour le troupeau. Après cette période initiale, les traitements ne sont plus que symptomatiques. Si de la besnoitiose est identifiée dans un foyer, la seule action préventive réalisable est la lutte contre les insectes piqueurs avec des produits à pulvériser ou à verser sur le dos, mais son efficacité est faible sur les taons. Il faut également changer d’aiguille entre chaque bovin lors des traitements.

Une gestion dans un élevage basée sur l’élimination des positifs
Tous les bovins infectés ne présentent pas le même potentiel contaminant. Un sujet cliniquement malade est a priori beaucoup plus riche en kystes qu’un bovin infecté, séropositif et asymptomatique. Dès l’introduction d’un tel sujet dans un troupeau naïf, la rapidité de la diffusion intra cheptel est telle que le taux d’incidence d’infectés varie entre 15 et 40 % après 1 an, 60 % après 2 ans et jusqu’à 90 % après 4 à 5 ans ! La diffusion inter cheptels existe aussi en l’absence d’assainissement des cheptels voisins infectés, par proximité des animaux (voisinage par simple clôture par exemple). Lorsqu’un cas clinique est découvert, des mesures sanitaires sont mises en place : élimination vers l’abattoir de tous les animaux porteurs de kyste (ce n’est pas une zoonose et la viande est consommable), dépistage sérologique sur tous les bovins de plus de 6 mois afin de séparer les animaux porteurs et réforme progressive. La maladie entraîne globalement peu de mortalité, mais des pertes économiques importantes : stérilité des taureaux, moins-value économique, coût des traitements. Dans les cheptels très contaminés, vivre avec la maladie coûte 7 fois plus cher que d’organiser un assainissement.

Une vigilance à l’introduction, une aide de GDS France dans les foyers
Le cas creusois vient rappeler que cette maladie peut être introduite dès qu’un animal provient d’un autre département. Un dépistage systématique est vivement conseillé lors d’achat, de retour de pension ou d’estive, en ayant conscience qu’il ne sera positif qu’un mois après la contamination. Cette analyse est prise en charge à 50 % pour les utilisateurs du Billet de Garantie Conventionnelle.
GDS France a mis en place un plan d’assainissement dans les foyers, afin de favoriser l’élimination des animaux infectés et de limiter la diffusion de la maladie par un dépistage des animaux en sortie de foyer à destination de l’élevage. Les GDS départementaux versent ainsi, à partir du Fonds de Mutualisation des GDS, une aide de 100 euros par animal infesté éliminé et de 6 euros par analyse réalisée en sortie de foyer et, ceci, jusqu’en 2020. Pour plus d’informations, sur notre site, consultez le paragraphe « Besnoitiose » du chapitre « Parasitisme » de l’onglet « Boite à outils – Bovins ». Votre vétérinaire et nous-mêmes sommes à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

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