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L’intoxication aux glands : Une pathologie souvent mortelle chez les bovins

Les chênes sont très présents dans nos campagnes et la problématique de l’intoxication aux glands revient tous les ans, accentuée les années de sécheresse.

Très présents dans nos régions, les chênes contribuent à la beauté de nos paysages mais on ne doit pas oublier leur potentielle toxicité. Lors d’épisode de sécheresse, la complémentation en fourrage permet de limiter l’impact des glands, par dilution dans la ration, mais si quelques animaux sont repérés en permanence sous les chênes, la seule solution sera de les isoler dans une zone sans glands.
Très présents dans nos régions, les chênes contribuent à la beauté de nos paysages mais on ne doit pas oublier leur potentielle toxicité. Lors d’épisode de sécheresse, la complémentation en fourrage permet de limiter l’impact des glands, par dilution dans la ration, mais si quelques animaux sont repérés en permanence sous les chênes, la seule solution sera de les isoler dans une zone sans glands.
© GDS Creuse

Les glands sont une préoccupation majeure des éleveurs à l’automne et responsables de pertes importantes, notamment sur les bovins.

Une présence importante de glands en année de sécheresse
Les glands sont les fruits des chênes, arbres du genre des Quercus qui compte 600 espèces dont 27 en Europe. On trouve principalement deux espèces, le chêne pédonculé et le chêne sessile, très présents dans nos paysages du Massif central et, plus rarement, le chêne rouvre. Ils fleurissent en avril-mai, les fleurs femelles étant dressées et les chatons mâles pendant sous les branches. Les années de sécheresse, les arbres sont en souffrance et augmentent leur production de glands.

Une grande toxicité des glands quand ils sont verts
Les parties toxiques de la plante sont les glands, les bourgeons et l’écorce. La toxicité provient des tanins hydrolysables, principalement dans les glands. Leur teneur diminue avec leur mûrissement et quand ils deviennent marrons et desséchés, leur toxicité est nulle et ils peuvent être consommés. Le chêne pédonculé est plus toxique que les autres espèces présentes en France. Plus l’arbre est jeune, plus les glands sont toxiques. L’intoxication survient en fin d’été et en automne, lorsque l’herbe devient rare et que les vents ou les orages font tomber les glands encore verts en grande quantité. Certains animaux se détournent de leur alimentation habituelle et ne vont plus consommer que des glands, avec un phénomène addictif. Plus méconnues, des intoxications au printemps dues à l’ingestion en grande quantité de jeunes pousses peuvent aussi être observées.

Des symptômes digestifs…
Les lésions provoquées par les glands sont doubles. Les tanins ont un premier rôle irritant sur la muqueuse digestive. La toxicité va apparaître plus ou moins rapidement en fonction des quantités de glands ingérées. Après une ingestion massive, on peut observer des troubles de la rumination, de la constipation ou des bouses collantes, de consistance « moutarde », noirâtres et plus rarement hémorragiques. Il n’y a pas d’hyperthermie et on retrouve souvent des morceaux de glands dans les fèces. Les animaux atteints maigrissent et s’affaiblissent progressivement. Même si le contexte permet souvent d’établir rapidement le diagnostic, les symptômes de l’intoxication par les glands peuvent être confondus avec une intoxication par les châtaignes, le colchique ou la mercuriale, une coccidiose ou la BVD dans sa forme hémorragique.

… et métaboliques
Ensuite, des produits de dégradation des tanins dans le rumen (des polyphénols comme le pyrogallol ou l’acide gallique) provoquent des lésions surtout au niveau rénal mais également hépatique. La dose toxique n’est pas précisément connue. Il semblerait que l’ingestion d’1 kg de glands verts par jour pendant 15 jours suffise à intoxiquer un bovin. En cas d’ingestion chronique, les symptômes peuvent n’apparaître qu’après 4 semaines de consommation. Au début, l’urine apparaît « chargée », de couleur jaune foncé à brun. Quand la maladie s’aggrave, l’insuffisance rénale s’installe avec une urine qui devient claire comme de l’eau. Les analyses d’urine et de sang réalisées par le vétérinaire orientent le diagnostic et le pronostic. Si l’urémie est supérieure à 1 g/L, le pronostic est sombre et désespéré au-dessus de 3 g/L. La mortalité atteint 80 % lorsque les troubles rénaux apparaissent. En fin d’évolution, des œdèmes peuvent apparaître liés à l’insuffisance hépatique et les animaux présentent des troubles neurologiques pouvant aller jusqu’au coma et à la mort. À l’autopsie, on observe des lésions de dégénérescence rénale, une congestion de la carcasse et souvent une odeur « urineuse ».
Les animaux qui en réchappent accusent irrémédiablement un retard de croissance et de production et peuvent succomber quelques mois à un an plus tard suite à une décompensation rénale.

Les bovins sont les plus touchés mais l’intoxication des équins reste possible
Les bovins sont très sensibles à cette intoxication car leur paroi digestive est plus perméable et leur flore ruminale est capable de fabriquer les composés toxiques à partir des tanins. Cette pathologie représente la moitié des appels au CNITV (Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires) pour les intoxications végétales des bovins, en particulier pour les jeunes de 1 à 3 ans. C’est sur ces animaux que l’on constate le plus le phénomène d’addiction aux glands. Si l’intoxication des ovins reste possible, elle est beaucoup plus rare car ces animaux consomment peu de glands.
Bien que monogastriques, l’intoxication des équins est régulièrement décrite et constitue le quatrième motif d’appel au CNITV. Les symptômes observés sont comparables à ceux des bovins.
En revanche, certains animaux qui en consomment régulièrement, comme les cerfs, les sangliers ou les porcs, ont développé des méthodes de défense contre les effets néfastes de ces tanins. Ils sécrètent dans leur salive une enzyme appelée tannase qui se lie de manière spécifique aux tanins et évite la fixation de ces derniers et leur toxicité. On retrouve cette même enzyme chez les caprins.

Pas de traitement spécifique et un pronostic souvent sombre
Il n’existe pas d’antidote spécifique à l’intoxication par les glands. Le traitement est uniquement symptomatique et très contraignant : réhydratation par voie veineuse et/ou par intubation œsophagienne, diurétiques, purgatifs doux, pansements intestinaux, adsorbants pour diminuer les effets des tanins chez les sujets faiblement atteints. Une ruminotomie (ouverture chirurgicale et vidange du rumen) d’urgence peut être réalisée sur les animaux ne présentant pas encore de signes cliniques mais ayant consommé des glands en très grande quantité. Enfin, le retour de l’urémie et de la créatininémie à des valeurs physiologiques ne reflète pas toujours une guérison définitive de l’insuffisance rénale. Des séquelles sont toujours possibles, et un bovin intoxiqué par les glands peut décompenser.

Des mesures de prévention limitées
La principale mesure est de limiter l’accès aux glands pour les animaux. Cela implique de condamner certaines parcelles à la période à risque ou de clôturer certaines zones. Les solutions qui consistent à dénaturer les glands par épandage de substances repoussantes sont peu efficaces et peuvent être très préjudiciables pour l’environnement. Lors d’épisode de sécheresse, la complémentation en fourrage permet de limiter l’impact des glands, par dilution dans la ration, mais si quelques animaux sont repérés en permanence sous les chênes, la seule solution sera de les isoler dans une zone sans glands.

Une gestion compliquée en élevage plein-air
La gestion du risque d’intoxication aux glands est souvent compliquée sur le terrain. Les chênes sont présents partout et apportent une ombre précieuse pour les bovins. On retrouve souvent des conflits entre le propriétaire de la parcelle attaché à ses arbres et l’éleveur qui souhaiterait les couper pour protéger ses animaux. Mais compte-tenu de la gravité de l’intoxication, une attention particulière doit être portée lors des périodes à risque avec isolement rapide des animaux qui semblent avoir développé une forme de toxicomanie aux glands. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou nos services.

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