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Journée GTV23 / GDS Creuse
Secteur allaitant, Politique agricole commune et mondialisation : pour Vincent Chatellier, des raisons d’y croire, des défis à relever

Mardi 24 novembre, s’est tenue à Guéret la 10ème journée annuelle organisée par GDS Creuse et le Groupement Technique Vétérinaire (GTV23) à destination des vétérinaires.

Dans le contexte agricole actuel particulièrement difficile, s’appuyer sur des bilans et prospectives rationnels afin de pouvoir se projeter dans l’avenir semble essentiel. C’est dans cette optique que GDS Creuse, avec le soutien de Merial, a invité Vincent Chatellier, économiste et ingénieur de recherches à l’Inra, à sa journée à destination de l’ensemble des vétérinaires intervenant en Creuse. Etait également invité à cette après-midi l’ensemble du conseil d’administration de GDS Creuse.

Un secteur bovins-viande mondial en pleine évolution où l’Union européenne (UE) est peu concernée

La planète accueille 200 000 habitants en plus chaque jour avec une croissance mondiale de la population de 1,12 % par an dans les dix prochaines années. L’agriculture devra être plus productive tout en étant « soucieuse » des territoires et de son environnement. En viande bovine, il est estimé, entre 1999 et 2017, un passage de 60 à 80 millions de tonnes produites avec une consommation individuelle stable (12 kg/hab./an). Actuellement, la production augmente, surtout au Brésil du fait de la disponibilité de 1,4 ha/hab. En Europe, la diminution du cheptel laitier (augmentation du potentiel génétique et de la productivité individuelle), la stabilité du cheptel allaitant et un foncier limité (exemple 0,35 ha/hab. en France) engendrent une moindre production. Deux exportateurs dominent le marché mondial, le Brésil (40 %) et l’Australie (25 %), l’Europe ne représente que 3 % des exportations. Concernant la consommation, elle reste importante en Argentine et aux Etats-Unis et augmente de manière significative au Brésil qui consomme 80 % de sa production (37 kg/hab./an) et en Chine.

Un secteur bovins-viande en France qui va devenir déficitaire

Concernant la France, elle est excédentaire depuis 40 ans et devrait devenir déficitaire rapidement (2014-2015). Aujourd’hui, le nombre d’animaux par unité de main d’œuvre atteint sa limite d’autant plus qu’il est conditionné par les droits vaches allaitantes (PMTVA), ce qui implique une stagnation du cheptel allaitant français. Du fait des prévisions d’augmentation de la population, du maintien de la consommation moyenne de viande en France (16,5 kg/hab./an) et du déficit de production, des importations devront être réalisées. Selon V. Chatellier, 250 000 tonnes de viande importées seront ainsi nécessaires. Face à cette situation, il est essentiel que les garanties demandées pour la production européenne soient également imposées aux denrées importées et traduites en surcoût équivalent. D’ailleurs, le marché européen intéresse peu le Brésil car il est trop exigent en termes de qualité, de traçabilité et de garanties sanitaires malgré qu’il soit bon payeur. Ce sont les pays asiatiques, notamment la Chine, du fait de l’augmentation de leur population et de leur consommation de viande, qui intéressent ces gros pays exportateurs.

Les aides de la PAC, un soutien indispensable pour l’agriculture…

Depuis plus de dix ans, les dépenses européennes pour l’agriculture sont maîtrisées (13 milliards d’euros pour la France) avec une mise en place du découplage par rapport à la production. La diminution importante du nombre d’exploitations permet une augmentation des aides par emploi et par agriculteur. Le Droit à paiement unique (DPU) représente 5,7 milliards d’euros, soit une moyenne de 28 900 euros par exploitation française. Globalement, les aides constituent 147 % des revenus en production de viande bovine. Selon V. Chatellier, le découplage des aides de la production va se poursuivre. Il annonce que même si les éleveurs ont le sentiment d’être de plus en plus soumis à une administration tatillonne, multipliant les contrôles, les critères complexes et les « paperasses », ces points demeurent un engagement majeur de l’Europe vis à vis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) permettant ainsi de garantir la durabilité des primes.

… une nécessaire adaptation en politique agro-environnementale commune

Le secteur agricole est en pleine mutation. Il doit faire face, simultanément, à la libéralisation des marchés et à une société toujours plus exigeante en termes de qualité des produits, mais aussi de préservation de l'environnement. Continuer de raisonner et de produire avec les mêmes logiques qu’il y a vingt ans conduit à l’impasse. Il s’agit d’élaborer un vrai fil conducteur permettant de redéfinir, à moyen et long termes, les priorités et les orientations de la PAC, en associant la diversité des exploitations et des territoires ainsi qu’en reliant tous les aspects économiques, sociaux et environnementaux que recouvre l’agriculture. Chaque éleveur doit prendre conscience que l’Europe l’aidera s’il répond aux attentes de la société. En effet, il rend des services non-marchands, tels que les puits de carbone des prairies, l’entretien du paysage, l’aménagement des espaces naturels…, qui feront alors l’objet de la nouvelle affiliation des primes. V. Chatellier indique que 2011 va être une date clé dans l’avenir de la profession car le montant de l’enveloppe allouée à l’agriculture sera fixé par le parlement européen. Il insiste fortement sur le fait qu’il est primordial d’avoir une vision à long terme et collective du sujet et donc de prendre les bonnes orientations dès à présent afin de ne pas hypothéquer l’avenir.

Des leviers d’amélioration au sein des exploitations et au niveau de la filière

En complément de l’intervention de Christophe Rey (analyste CER Creuse) reprenant sur 3 ans les données des résultats comptables qui indiquent une diminution de 50 % des revenus, V. Chatellier souligne que par rapport à cette moyenne, on observe une « efficacité » variable selon les exploitations. Il convient donc d’analyser les raisons de ces différences notables et d’informer et accompagner les éleveurs afin qu’ils améliorent leurs résultats comptables. D’autres facteurs interfèrent, notamment la répartition de la valeur ajoutée sur l’ensemble de la filière où des mesures réglementaires doivent superviser et harmoniser un partage équitable. Malgré « l’opacité » de la grande distribution, cela représente un facteur essentiel d’action. Cependant, V. Chatellier complète en indiquant que la présence de grands groupes (ex : Bigard) est nécessaire car ces industriels détiennent des moyens de recherche et d’évolution importants permettant d’offrir des produits innovants au consommateur.

En conclusion, des raisons d’y croire, mais aussi des défis à relever

Dans une perspective d’avenir, de réflexion et de restructuration, V. Chatellier relate les raisons d’y croire car la PAC est progressivement mieux acceptée à l’OMC, la demande de produits agricoles est durablement croissante, les entreprises européennes sont innovantes et les filières sont organisées et bénéficient d’une bonne traçabilité. Cependant, il alerte l’auditoire que certains défis incontournables sont à relever. D’un point de vue général, cela passe par un partage de la valeur ajoutée au sein des filières, par une meilleure structuration de l’amont face aux opérateurs de l’aval, par la professionnalisation de l’activité jeune bovins, par une justification des soutiens publics à l’agriculture et par la maîtrise des coûts de production et du choix des investissements. Néanmoins, le goût d’entreprendre et l’entretien de la passion du métier reste des points clés et doivent s’articuler autour d’une cohésion entre tous les acteurs, notamment le duo éleveur-vétérinaire, où un partenariat en amont doit être sollicité pour que chacun puisse partager ses connaissances et ainsi adapter ses méthodes en fonction des besoins. Ce dernier point fera l’objet d’un prochain article.

D’après l’intervention de V. Chatellier que nous tenons à remercier. Le diaporama d’intervention de V. Chatelier est sur www.gdscreuse.fr

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