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« Il est temps de faire confiance à l'intelligence locale »

Le congrès de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) s'est tenu les 26 et 27 septembre derniers à Murol, dans le Puy-de-Dôme. Pour Vanik Berberian, président de l'AMRF, maire de Gargilèsse-Dampierre (Indre), la ruralité doit devenir une priorité nationale.

© Philippe Devernay

Votre congrès national 2015 s'est tenu sous le thème « Vivre la campagne ! Une identité rurale à réinventer ». Quelle ambition derrière ce titre ?

V.B. : Cette année, nous avons voulu sortir des thèmes techniques que nous abordons régulièrement ; la réforme territoriale, la loi NOTRe1 étant des sujets que nous évoquons déjà largement dans nos différents réseaux. Notre ambition était de réfléchir ensemble avec tous les acteurs de la ruralité, sur la valeur ajoutée que peuvent représenter les territoires ruraux victimes aujourd'hui d'une nostalgie qui conduit toujours à comparer avec ce qui se faisait dans le passé. Or cette comparaison participe à l'enfermement du monde rural. Ce dont nous avons besoin aujourd'hui c'est d'une plus grande reconnaissance des communes rurales, de leurs rôles et leurs missions auprès des administrés et dans l'aménagement du territoire. Nous voulons construire une ruralité forte de campagnes modernes et dynamiques ; une ruralité reconnue. Face à cette responsabilité, il nous faut être inventifs et offensifs ; cela suppose aussi une prise de conscience des élus, de la classe politique et de la fonction publique. C'est un message positif que nous transmettons.

Certains pensent qu'il y trop de communes aujourd'hui en France. Qu'en pensez-vous ?
V.B. : La question qu'il faut se poser c'est « est-ce que la commune est utile ? » En avoir beaucoup n'est pas une tare car la commune occupe l'espace, et la notion de proximité à laquelle nous sommes si attachés s'incarne d'abord par l'échelon communal. Et puis il faut sortir de la définition du poids d'une commune qui consiste à ne prendre en considération que la dimension numérique (à travers le nombre d'habitants) plutôt que la dimension espace. Une commune qui a moins d'habitants qu'une autre n'est pas moins importante car elle remplit de la même manière sa fonction d'aménageur de l'espace et d'acteur de proximité. Nous avons en France un maillage extraordinaire de communes qu'il faut préserver.

Mais avec le développement de l'intercommunalité la notion de millefeuille territorial est quand même souvent dénoncée...
V.B. : Oui mais c'est une escroquerie ! Car la Constitution française cite et ne reconnaît que trois niveaux territoriaux : la commune, le département et la région. Le reste n'est qu'outil au service de ces trois échelons. C'est le cas d'ailleurs de l'intercommunalité qui n'est pas une collectivité territoriale-au sens constitutionnel, mais un outil pour les communes.
Et puis je pense qu'il est temps de changer de paradigme. La concentration des populations, des pouvoirs et des activités dans les centres urbains a ses limites. La vie dans les zones périurbaines denses est devenue impossible et coûteuse. Et parallèlement nous constatons un regain d'intérêt pour les territoires ruraux...

Quel est l'impact de la réforme de la dotation globale de fonctionnement (DGF) et la baisse des dotations pour les communes rurales ?
V.B. : Avant tout je tiens à rappeler que la DGF est une dotation versée par l'État aux collectivités pour exercer leurs fonctions au nom de l'État. Son montant est fonction du nombre d'habitants. Mais là où les choses ne sont pas équitables c'est qu'un habitant de campagne vaut moitié moins qu'un habitant urbain ! Cela montre bien le peu de considération pour nos collectivité rurales et l'iniquité entre ruraux et urbains. Pour revenir à votre question, la baisse des dotations est très ennuyeuse pour les communes déjà pauvres, petites ou grandes. Cela ne sera pas sans conséquences pour les communes rurales qui seront alors obligées de négliger certains services. Je pense par exemple à l'entretien de la voierie... Ceci dit, les maires ruraux sont convaincus de la nécessité de faire des économies et de dépenser intelligemment les fonds publics. Mais d'abord il faut s'interroger sur l'utilisation et la destination de cet argent. On diminue les dotations mais on maintient des obligations et contraintes qui parfois coûtent très cher à la collectivité.

Que pensez-vous de la réforme territoriale et la création de treize grandes régions ?
V.B. : Les maires ruraux ne sont pas hostiles aux changements. La preuve, à l'occasion de notre congrès la semaine dernière, nous avons jeté les bases d'une réflexion prospective afin de donner du sens et de l'avenir à nos territoires. Ce que nous dénonçons en fait c'est l'esprit des textes qui se succèdent et qui toujours assèchent un peu plus le niveau de proximité au profit d'une concentration urbaine. Avec la fusion des régions nous craignons une disparition de cette proximité. Ce n'est pas tant la taille des régions qui nous inquiète mais le rapport entre la taille et la compétence transférée. Certaines compétences ne peuvent être traitées que localement. C'est le cas par exemple de l'organisation du transport scolaire dont l'efficacité et la réactivité ne peuvent émaner que du niveau local. Tout ce qui va à l'encontre de la proximité est un non-sens. Il est temps de faire confiance à l'intelligence locale !

Propos recueillis par C. Rolle
1. Nouvelle Organisation Territoriale de la République

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