La Creuse Agricole 12 septembre 2008 a 08h58 | Par Delphine GUICHETTE-DEBORD Chambre d’Agriculture

FCO - Des conduites pour éviter des conséquences économiques insurmontables

Les dégâts tendent à se confirmer.

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Eviter les conséquences économiques…
Eviter les conséquences économiques… - © D.R.

Au cours de l’hiver 2007, les observatoires FCO de différents départements touchés par la maladie mettaient en évidence le caractère incontestable des pertes subies dans les exploitations.

En cette fin d’été, notre département étant largement confronté à la maladie, la Chambre d’Agriculture met en avant quelques recommandations de conduite d’élevage. Le GDSCC, dès cet été, alertait sur les 3 phases de la maladie observables dans les troupeaux atteints : des lésions sur différentes parties du corps, un amaigrissement et des pertes de production, une atteinte de l’appareil reproductif.

Un certain nombre de pratiques permettent de limiter l’impact économique du passage de la maladie dans vos exploitations. Le conseil d’actualité est donc la surveillance/observation accrue de votre troupeau afin de réagir vite face aux 1er symptômes..

L’atteinte des muqueuses : faciliter la prise d’aliments

Dans l’absolu, les lésions buccales et l’état grogi du bovin entraînent des pertes d’appétit sans aller jusqu’à la mortalité de l’animal. Quelque soit le stade physiologique de l’animal (en lactation, en fin de gestation, en croissance) une mauvaise alimentation aura forcément des incidences sur l’état du troupeau et ainsi des répercussions économiques importantes sur votre exploitation (animal affaibli, mauvaise croissance du veau allaité, mauvaise reproduction future). Il est donc préférable de distribuer un fourrage souple tel que du foin jeune, du regain ou de l’ensilage pour favoriser l’ingestion et essayer de couvrir les besoins de l’animal malade.

En ce qui concerne l’abreuvement, force est de constater qu’un animal malade sera rebuté à l’utilisation d’un abreuvoir à poussée si son mufle lui est douloureux. Les lésions podales quant à elles peuvent avoir un impact sur la reproduction tout comme un taureau boiteux « non détecté » par exemple.

Enfin des lésions sur les mamelles (occasionnellement observées l’hiver dernier) vont impliquer une mauvaise tétée et des conséquences sur le veau allaité. L’observation des animaux pour la détection de lésions et donc pour une réaction immédiate (soins des lésions, changement d’alimentation, de taureau, complémentation des veaux, sevrage…) est impérative.

L’amaigrissement et les pertes de production : adapter le rationnement

La « sous-alimentation » majoritairement et l’affaiblissement général de l’animal aboutit à un amaigrissement qui peut être rapide et sévère dans les cas les plus extrêmes. Dans ce cadre, au delà de ses propres symptômes, la FCO va fragiliser l’animal qui sera plus sensible aux attaques de parasitisme : l’éleveur doit être d’autant plus vigilant. De plus, suivant le stade physiologique de l’animal, la perte d’état peut avoir de graves conséquences notamment sur la reproduction.

En effet, l’appareil reproducteur est dit une fonction de « luxe » chez l’animal. Si quelque chose ne tourne pas rond dans l’organisme, celui-ci sera loin de donner la priorité à la reproduction. Déjà en temps normal (organisme sain), seule une reprise d’état favorise l’activité hormonale et génère le retour de la fertilité. C’est pour cela que l’observation des animaux doit être accrue afin de visualiser très vite la perte d’état et l’enrayer (changement de la conduite alimentaire, rentrée de l’animal…) En ce qui concerne la perte de production, dans nos systèmes allaitants il faut surveiller attentivement la croissance des veaux. La complémentation au pré doit être envisagée si l’on observe des chutes de croissance. Dans certains cas, afin de limiter les dégâts sur le veau et sur la mère, un sevrage précoce des veaux devra également être envisagé. Dans tous les cas, pour des veaux non sevrés, la perte de production laitière de la mère va se traduire par une consommation plus importante d’herbe, un pâturage plus intensif. Dans cette situation, pour protéger les risques de parasitisme sur des veaux sensibles, l’éleveur doit assurer une bonne gestion de ces parcelles. Enfin dans les troupeaux vaccinés, les génisses (dans la plupart des cas) ne sont pas protégées et peuvent contracter la maladie. Elles représentent l’avenir de votre troupeau, il faudra donc leur accorder de l’importance afin que le passage de la maladie ne pénalise pas trop sévèrement leur croissance et donc leur futur format.

L’impact sur la reproduction : priorité aux constats de gestation

Quand la sphère génitale est touchée, et dans le cas de naissance prématurée ou de veaux chétifs, l’impact économique immédiat sera des frais vétérinaires importants après vêlage dans l’objectif de sauver les veaux. De plus, l’épisode de 2007 a vu dans des cheptels atteints des proportions des métrites plus importantes, s’apparentant à des grandes difficultés de vêlages.

« En temps normal », les métrites représentent 70 % des problèmes de fertilité des troupeaux. Il est donc important dans ce contexte FCO qui augmenterait les risques de ce type de pathologie, de contrôler l’involution utérine 1 à 1,5 mois après le vêlage afin de ne pas retarder le retour de la fertilité. Par ailleurs, si la vache se retrouve vide, l’impact économique sera encore plus sévère. Il est donc important de diagnostiquer l’état de gestation de vos vaches afin de prendre dès à présent les décisions qui s’imposent: remise à la reproduction immédiate pour certaines vaches à bonne génétique avec le risque d’un décalage des périodes de vêlage, réforme par mise à l’engraissement ou vente des vaches vides. La mise à la reproduction d’un plus grand nombre de femelles pour la prochaine campagne pourrait permettre de « trier les dates de vêlage » qui correspondent à votre système avant passage de la FCO. Enfin, il ne faut pas oublier que les mâles non vaccinés peuvent être touchés et être responsable de la moindre fertilité du troupeau (que ce soit dû à des problèmes de déplacement CF 1ère partie, ou à une moindre efficacité de leur semence). Cependant, nous ne disposons pas aujourd’hui de résultats fiables pour déterminer le risque de stérilité et la durée de cette stérilité. Le recours à l’IA devra être envisagé dans certaines exploitations qui n’auraient plus assez de taureaux présumés « efficaces »

La Chambre d’Agriculture à votre service : des formations spécifiques alimentation

La fécondité du troupeau est un élément déterminant dans la rentabilité d’un élevage allaitant. Les insuffisances et déséquilibres nutritionnels ont, déjà sans FCO, des répercussions sur le fonctionnement de l’appareil sexuel et par le biais des conditions de vêlage. L’alimentation adaptée à chaque catégorie est donc plus que jamais fondamentale afin de ne pas cumuler les sources d’affaiblissement de vos animaux. La Chambre d’Agriculture de la Creuse vous propose des formations alimentations au cours de l’automne/hiver : prendre contact avec son GDA, et peut également vous aider à étudier les adaptations envisageables dans votre exploitation.

N’oubliez pas votre carnet sanitaire

Plus que jamais, votre carnet sanitaire doit être l’outil de pilotage de votre élevage. N’hésitez pas à noter précisément les évènements de chaque individu du troupeau. Nous vous rappelons que l’enregistrement des traitements vétérinaires est obligatoire.

La réalisation d’un planning regroupant les évènements de la reproduction (rang, conditions et date de vêlage, date de première vue en chaleur) vous aidera à mettre plus facilement et rapidement en évidence les problèmes de fécondité du troupeau. De plus, à moyen terme, il n’est pas improbable qu’il soit utile de se « souvenir » des génisses atteintes par la FCO par exemple, pour expliquer des problèmes de reproduction dans leur carrière ou au contraire une immunité de troupeau (une fois encore il n’y a pas de résultats fiables sur l’avenir immunitaire et reproductif des animaux touchés).

 

En résumé

La surveillance/observation accrue de votre troupeau et l’enregistrement des évènements permettront de réagir vite face aux 1er symptômes. Une conduite alimentaire soignée de toutes les catégories de bovins va limiter l’incidence de la maladie sur votre troupeau et donc sur votre revenu.

Le diagnostic de gestation est l’outil indispensable dans ce contexte de crise La vaccination est à privilégier afin de protéger les animaux non atteints et globalement pour enrayer la crise sanitaire.

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