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En selle(s) avec Eric Poli

Aux Conrocs, son garage polminhacois abrite des bijoux étincelants : des Harley Davidson auxquelles il offre une seconde vie. Et dans ses prés, des purs sang arabes. Rencontre avec Éric Poli.

Éric Poli dans son atelier de Polminhac avec quelques-unes de ses Harley.
Éric Poli dans son atelier de Polminhac avec quelques-unes de ses Harley.
© MV

Éric Poli(t) ses Harley Davidson. Le jeu de mot est facile et pourtant, aucun autre verbe ne peut traduire le soin qu’il porte à ces motos mythiques, qu’il récupère à l’état de quasi-épave. "Polir : travailler pour améliorer" : une définition du Robert que le Polminhacois a fait sienne depuis plusieurs années déjà. "Ce qui m’intéresse, c’est de partir de rien et de créer."
Dans son (rétro)viseur, des Harley Davidson qui datent au maximum des années 90. "Après, c’est beaucoup trop récent et je ne trouve aucun intérêt à les restaurer", avoue le quinquagénaire, qui importe par containers certains de ses deux roues depuis les États-Unis, grâce à un "indic" en Floride. Des modèles qui trouvent preneurs très rapidement via les réseaux sociaux. Des futurs propriétaires qui partagent leurs envies avec Éric, ou qui lui laissent carrément carte blanche pour rénover l’engin.


Des modèles d'histoire(s)

Sur son établi polminhacois, trône un modèle "chicanos", une Shelby cobra bleue et blanche "unique en Europe", qui rend hommage à la Ford qui a battu les Ferrari aux 24 heures du Mans en 1966, créé par Caroll Shelby. De l’autre côté, un exemplaire vert pomme de 1977, qui a trouvé preneur dans les Vosges, après 200 heures de travail minutieux. "Le client, il sera heureux." Au milieu, une Harley grise de 1986 siglée avec des cartes de poker, qui rappellent l’affiche du film "Harley Davidson et l’homme aux santiags", avec Mickey Rourke et Don Jonhson. Leur point commun ? Des centaines d’heures de travail et leur passage éphémère dans le Cantal. Acquises entre 7 000 et 8 000 €, elles seront revendues au minimum le double, voire beaucoup plus pour des modèles plus rares, type Panhead. Sauf la grise aux cartes de poker : "C’est toujours un chagrin de m’en séparer... Mais celle-ci, je la garde ! J’y ai passé tellement de temps dessus... C’est un peu ma vitrine !" Les autres sont encore là mais déjà, des consœurs vont arriver : un Bobber, "qui va être complètement désossé pour un client. Une très très belle machine qui va nécessiter au moins deux mois de travail" ; une Early Shovel de 1968, "assez rare" ; et un Shovel de 1970, "mon année de naissance".

Cinq à six motos par an sortent ainsi du garage d’Éric Poli pour une nouvelle vie. Des modèles forcément uniques et une activité amenée à se développer dès l’an prochain, "car je serai installé officiellement". Annexées au garage, d’anciennes écuries serviront au stockage des modèles acquis par ce passionné de mécanique, titulaire d’un bac F1 (formation technique) et ancien élève d’une école de commerce. "Le plus dur, c’est de trouver des motos avec de l’ancienneté, et pas trop chères. Après, j’achète des pièces, principalement en Allemagne, mais aussi dans l’Allier, à Moulins, chez Biker’s store. Je remodèle tout, en fonction de la demande des clients. Vous pouvez refaire une Harley à 100 %. Vous en faites ce que vous voulez ! Elles ont des moteurs hyper pratiques, robustes, qui durent dans le temps. Harley, c’est une marque mythique. Ça fédère beaucoup, et ça plaît aussi aux non-initiés." Quant à son bruit d’échappement reconnaissable entre mille... "C’est une musique plutôt !", corrige tendrement Éric Poli, qui passe allègrement d’une selle à l’autre...


Au pas de course

Avec un arrière grand-père capitaine de cavalerie, un grand-père éleveur de chevaux de trait et une maman cavalière émérite et éleveuse de chevaux de sport, le destin d’Éric Poli était quasiment tout tracé ! Sauf qu’il a troqué les sportifs pour des équidés de course, et plutôt avec succès. Aujourd’hui, la réputation de l’élevage de la Cère n’est plus à faire et ses protégés s’exportent jusqu’au Moyen-Orient ! Les deux spécialités d’Éric et de sa maman, Francine : les obstacles et les Arabes de course. Le haras de la Cère compte "trois très bonnes poulinières, et on les garde ! Et entre cinq et dix chevaux de course : des Arabes, des Anglo-Arabes et des AQPS (autre que pur sang, NDLR). C’est un petit élevage mais le top en matière de génétique", précise Éric Poli.
À l’image de Safira, dont les "produits" ont remporté de nombreuses courses au Qatar et aux Émirats arabes unis. Beaucoup d’espoirs sont placés sur sa dernière pouliche, Kaline, née en avril 2020 et qui a échappé au doux prénom de Korona ! À seulement six mois, elle a déjà rejoint le Qatar, chez les propriétaires de son frère, Darius.
Pourtant, rien n’est joué d’avance : "Safira n’a jamais rien fait en course donc on l’a fait poulinière à cinq ans, raconte le Polminhacois. Ça nous a porté chance car ses cinq poulains ou pouliches ont donc remporté une course !" À l’image d’Hera de la Cère, elle aussi fille de Safira, "qui n’a jamais rien gagné ici et qui fait une belle carrière au Maroc".
Alors, comment savoir si l’on a misé sur le bon cheval ? "Il faut trois choses : la meilleure génétique, le plus beau modèle et les 30 % qui restent, c’est l’avenir qui va nous le dire ! On sait si un cheval est bon uniquement quand il a franchi le poteau..." En revanche, pas de surprise concernant les ventes de l’élevage, qui n’a pas de mal à trouver des acheteurs : "On a du succès sur notre production arabe parce que ceux qui sont passés avant ont été des gagnants. On les vend entre 25 et 40 000 €, à l’âge de 2 ou 3 ans. C’est là où on peut savoir ce qu’ils vont devenir." Et pour avoir "les meilleurs étalons, direction Saumur, en Normandie, et Agen pour les Arabes. La mise-bas se fait ensuite au printemps aux haras de Thouars, avant de remonter séjourner quelques mois dans le Cantal. Certains passent ensuite par Moulins, chez l’entraîneur français Emmanuel Clayeux avant que la famille Poli ne regarde leurs exploits à la télé : "On est souvent invité au Moyen-Orient pour aller les voir courir. Maman y est allée une fois mais le temps nous manque... C’est différent d’il y a 30 ans, maintenant il y a Équidia, on n’est plus obligé d’aller sur le champ de course."
Mais qu’importe, la passion est toujours là. "Et il en faut beaucoup, tout comme de la patience." Ça tombe bien, Mila Poli, 14 ans, semble elle aussi être tombée dans le chaudron de l’élevage équin... L’exploitation familiale risque bien de durer une génération de plus.

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