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Crise agricole
Colère paysanne dans les rues de Limoges

Une journée nationale d'action s'est déroulée vendredi 16 octobre, non seulement pour défendre le revenu agricole mais aussi s’insurger contre les charges qui pèsent sur les exploitations. Cette action fut aussi l’occasion de dénoncer le laxisme des pouvoirs publics face au désarroi du monde paysan.

Jean-Philippe Viollet : « Nous avons voulu une manifestation virile mais digne, nous attendons maintenant des engagements forts de la part de l’Etat ».
Jean-Philippe Viollet : « Nous avons voulu une manifestation virile mais digne, nous attendons maintenant des engagements forts de la part de l’Etat ».
© D.R.

Plus de 52 000 agriculteurs, plus de 8 000 tracteurs se sont rassemblés sur 23 capitales régionales, en ce vendredi. Limoges aura pour sa part mobilisé pas moins de 1 500 agriculteurs et une cinquantaine de tracteurs, dans le cadre d’une action syndicale agricole d’une envergure telle qu'elle n’en avait pas vue depuis plusieurs années.

« Depuis le temps que le feu couve, il fallait bien que ça arrive » lance un manifestant creusois parmi des centaines d’autres venus en force de toute la région Limousin ce 16 octobre. Un seul mot d'ordre les rassemble : la défense de leurs revenus et la mise en place de mesures d'urgence pour aider tous les secteurs de productions en crise.

Cette action syndicale organisée conjointement par la FRSEA et les JA Limousin avec leur président respectif Jean-Philippe Viollet et Philippe Pommier aura sonné le temps de l'action face à l'immobilisme ambiant des pouvoirs publics mais aussi des instances européennes et régionales. Et pour illustrer cette combinaison Région-État-Europe, trois mannequins aux figures de Nicolas Sarkozy, Mariann Fischer Boël et Jean-Paul Denanot ont été dressés au milieu d'une remorque sillonnant la ville.

De la nécessité d'une année blanche

La première partie de l'action était consacrée essentiellement aux Limougeauds. Cela dans le but de faire passer quelques messages, autour d’un grand barbecue et de viande à déguster. Tout d'abord, rappeler le rôle qu'exerce l'agriculture dans notre région, avec ses produits de qualité, et la difficulté de vivre de son métier dans ces périodes de crise. La seconde partie était par contre plus « syndicale » avec des objectifs plus ciblés. En premier lieu, la préfecture de région, symbole de représentation du pouvoir où dès les premiers moments, un mur de l'incompréhension, au sens propre, a été dressé, pour bien signifier la rupture entre les agriculteurs et l’Etat, face à des forces de l'ordre impassibles. Mais ce fut aussi l'occasion pour les responsables syndicaux de s'adresser à l'ensemble des manifestants à propos des raisons de cette action. Jean-Philippe Viollet pour la FRSEA Limousin, Joseph Mousset pour la FDSEA 87, Tony Cornelissen pour la FDSEA 19, Philippe Monteil pour la FDSEA 23, Philippe Pommier pour les JA Limousin et Pierre Chevalier au titre de la FNSEA, ont tour à tour dénoncé cette situation de crise sans précédent que vit actuellement la profession agricole. « Nous sommes dans une véritable impasse. Notre agriculture se mourra si les politiques ne prennent pas rapidement les mesures qui s'imposent. Nous demandons une année blanche pour pouvoir passer ce cap » expliqua Jean-Philippe Viollet pour qui « il est temps que l'agriculture soit remise au cœur des débats de société ».

Les administrations et les politiques pour cible

Si le cortège prenait des allures de marée humaine, l'ensemble des manifestants, accompagnés de tracteurs avec leurs remorques chargées de branchages et autres « produits de la ferme » ont fait escale devant plusieurs sites symboliques, à commencer par la DRAF, lieu par excellence de la suradministration, de la règlementation pointilleuse et de la « controlite aigue » comme certains la nomment. Au milieu d'une foule qui se contient, la valse des tracteurs s’engage en déversant plusieurs bennes de fumier et quelques boules de foin avant de craquer une allumette. Philippe Monteil s’insurge contre les excès de l'administration auprès des agriculteurs. « Nous sommes la cible des fonctionnaires, avec des contrôles en permanence, mais lorsqu’il s’agit de nous verser nos compensations, là, on doit attendre des semaines… et ça, c’est inacceptable ! ». Seconde étape du parcours : l’ASP, l'Agence de Services et de Paiement, fusion du CNASEA et de l’AUP. Tapis au coin d’une rue, les CRS sont rangés en ordre de bataille, prêts à intervenir si nécessaire. Là aussi, c'est au tour du président de la FDSEA 87 d'intervenir : « Nous voulons vivre de notre métier et non être harcelés par toutes ces réglementations » lance Joseph Mousset, suivi par le président des Jeunes agriculteurs Régis Débordes pour qui « si nous sommes ici aujourd'hui, c’est que nous avons de bonnes raisons, mais s'il le faut nous sommes capables de revenir ».

Une manifestation virile mais digne

Quelques œufs éclatent contre les boucliers des CRS mais sans réaction de leur part. Le cortège repart à nouveau pour rejoindre le conseil régional. Autre cible du pouvoir régional pour le président de la FDSEA de la Corrèze qui en appelle au président du conseil régional : « Notre agriculture représente une part importante de notre économie régionale, alors traitez-la aussi comme il se doit » lance Tony Cornelissen avant d'ajouter que « le conseil régional ne doit pas être la caisse de résonance de l'administration agricole, avec des règlementations toujours plus tatillonnes »… « Les agriculteurs ont besoin du conseil régional, tout comme le conseil régional a besoin de ses agriculteurs » lance Michel Queille, le président des Jeunes Agriculteurs du Massif central. Mais au milieu de ces quelques interventions, les tracteurs se succèdent là aussi, afin de décharger quelques bennes de ronces, de branchages et de fumier avant qu'une allumette ne les embrasent.

L'ultime étape de ce périple s'achève sur le Pont-Neuf de Limoges où se sont rassemblés les manifestants devant Jean-Philippe Viollet et les responsables syndicaux. « Nous avons voulu une manifestation virile mais digne, nous attendons maintenant des engagements forts de la part de l’Etat », lance le président de la FRSEA, avant que symboliquement ne soient jetés par-dessus bord les trois pantins dans la Vienne.

Si la FRSEA et les JA du Limousin peuvent être satisfaits de cette action, il n'empêche que l'amertume et le désarroi des agriculteurs restent encore très présents, dans l'attente de mesures concrètes que devrait annoncer le chef de l'État d'ici la fin du mois. En attendant, peut-être, les départements, à leur tour, auront à prendre le relais pour bien faire comprendre aux décideurs politiques qu’il ne suffit plus d'entendre les agriculteurs mais de les écouter.

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