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Comment lutter contre l’ « agri-bashing » ?

La venue du secrétaire général adjoint de la FNSEA Éric Thiroin à Cognat-Lyonne vendredi dernier, a été l’occasion d’un riche débat sur la communication du milieu agricole.

Jean-Loup Chatard a lancé une chaîne YouTube. Une belle façon de contrer l’agribashing.
Jean-Loup Chatard a lancé une chaîne YouTube. Une belle façon de contrer l’agribashing.
© AA

"Depuis un an au sein de la FNSEA, nous avons complètement changé notre fusil d’épaule en matière de communication et les effets se font déjà ressentir », lance Eric Thirouin. Le secrétaire général adjoint de la FNSEA est venu la semaine dernière dans le département de l’Allier présenter son « contrat de   solutions » visant à mettre en place des plans d’actions concertés pour réduire progressivement l’usage de produits phytosanitaires. L’occasion s’est, pour une fois, présentée aux militants et élus du département d’échanger sur la stratégie de communication à adopter face à une société de plus en plus exigeante, « parfois même hystérique », envers la profession.

Abandonner la stratégie de la défense

« Nous sommes souvent assez seuls, c’est difficile de trouver les arguments pour nous défendre », a lancé un agriculteur de l’assemblée. « Se défendre, là est l’écueil », a répondu Eric Thirouin. « Depuis le basculement des attaques dans une certaine violence il y a quelques années, nous avons constaté que la stratégie de la défense ne fonctionnait absolument pas », a-t-il souligné. « Au contraire, plus nous répondions aux attaques, plus nous devenions les faire-valoir de ceux qui cultivent la peur : le contrat de solutions a tout fait basculer ».

« Quand on dit ‘Banco, on vous a entendu’ aux consommateurs, ça change tout »

Ne plus ramer contre le courant, c’est ce que vise ce contrat imaginé par la FNSEA sur la baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires. « Concrètement, depuis juillet dernier nous proposons à l’État 36 solutions par secteur pour réduire l’usage des produits phytosanitaires sans mettre en danger la santé de nos plantes, ni la viabilité économique de nos agriculteurs. Nous avons eu l’agréable surprise dans les derniers débats où nous avons été invités de recevoir de nombreux messages de soutien de la part des consommateurs ! ». Autre avantage de la démarche, elle est collective. « Tous les acteurs de la filières se sont mis autour de la table », insiste Eric Thirouin. Parmi eux, des pourvoyeurs de solutions privés et publics, des acteurs du conseil, de la distribution, de la formation et de la diffusion, des représentants des agriculteurs, « et même des représentants de la grande distribution comme Ania : c’est un symbole fort ». Ne manque que l’État… « Malheureusement, quand il a fallu signer, l’État est parti aux toilettes ! ». Habitué aux arcanes du pouvoir, son analyse est rude pour le monde agricole.

« Les politiques ne savent plus où ils habitent »

« Pour être honnête, je pense que les politiques ne savent plus où ils habitent ». Sur la question du glyphosate, les coulisses du vote en disent long. « On peut réellement parler d’une hystérie collective. Du coup, côté politiques, on gère à la petite semaine... Quand l’Europe réautorise la commercialisation du glyphosate pour cinq ans, Emmanuel Macron décide en trois heures d’avion une interdiction dans trois ans. On marche sur la tête. La décroissance est devenue le courant de pensée majoritaire à la tête de l’État. Nous en sommes les sacrifiés. » Récemment, la demande d’un amendement de la FNSEA sur la redevance phyto et traçabilité des ventes a trouvé « zéro » soutien. « De mémoire de syndicaliste, je n’ai jamais vu ça… C’est très difficile de comprendre pourquoi on ne fait plus confiance aux agriculteurs ». Pour se faire entendre à nouveau, il défend donc une nouvelle communication positive, « celle de celui qui prend en main son destin et qui refuse les interdictions sans solutions ». « Sur la question du glyphosate, il nous a paru cohérent de défendre l’interdiction de la commercialisation de produits interdits en Europe et en France : étrangement, c’est passé dans la loi EGA. Ce que nous n’avons pas le droit de produire en France, nous ne pourrons pas le consommer d’ailleurs non plus… Nous verrons ce que cela va donner sur les importations à venir », s’interroge-t-il.

Trouver des lieux de dialogue pour recréer du lien

Ainsi pour retrouver une voix au chapitre, la méthode est simple :
« retrouver du bon sens ». Parmi les solutions proposées, une charte de bon voisinage sur l’utilisation des produits phyto. Elle devrait être mise en place d’ici 2019. « Mais pour qu’elle soit vraiment efficace, il faut vraiment discuter avec ses voisins. Je prends mon exemple en Eure-et-Loire : beaucoup de parisiens viennent s’installer chez nous. Si on leur explique que l’installation de haies risque de changer le paysage pour lequel ils sont venus s’installer, là, l’écoute est plus attentive ! ». Dans cette veine, les initiatives de communication positive se sont multipliées dans l’Allier. À saluer, l’action de l’association Symbiose Allier. Depuis 2016, dans l’Allier, un observatoire de la biodiversité a été mis en place auprès d’agriculteurs volontaires. Une fois par mois, des relevés permettent de compter les insectes. Ceci permet de connaître la richesse de la biodiversité des champs, en rapport avec le mode de production. Grand succès également pour deux jeunes bourbonnais comme Jean-Loup Chatard qui ont décidé d’ouvrir les portes de leur exploitation en créant une chaîne YouTube pour « désacraliser et recréer du lien avec ceux qui ne nous connaissent pas ».

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