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Colloque
Le défi alimentaire en question

Sur fond de crise alimentaire mondiale, d'enjeux environnementaux de plus en plus récurrents, et de développement durable, l'agriculture est à la croisée des chemins.

La tribune
La tribune
© D.R.

Produire plus et préserver les ressources naturelles de notre planète tout en répondant aux besoins de sécurité alimentaire, tels sont les enjeux de l'agriculture de demain et les nouveaux défis que se sont lancés les responsables agricoles du Limousin sans attendre pour autant que d'autres catégories socioprofessionnelles ne répondent à leur place.

Pour débattre de ces questions, les organisateurs de « Ferme en Ville » avaient proposé un colloque ayant pour thème « mondialisation et défi alimentaire » auquel participaient d'éminents spécialistes de la question.

Que ce soit Luc Guyau, Président de l'A P C A, Henri Nallet, conseiller d'État et ancien ministre de l'agriculture, Pierre Chevalier, Président de la Fédération Nationale Bovine, Karen Serres, membre du COPA, de la FIPA et de la FNSEA, Samuel Marechal membre du bureau des JA National, Jocelyne Hacquemand, secrétaire de la FNAF-CGT, Jean Martin, Président de la confédération des industries agro-alimentaire de l'union européenne,et Louis Orenga directeur du CIV, chacun a pu s'exprimer sur ces questions d'actualités au cours d'un débat animé par François Grosrichard, ancien journaliste au Monde.

L'autonomie alimentaire, un atout majeur

« La question du défi alimentaire reste l'une des préoccupations majeures de notre société, elle devient de plus en plus cruciale » explique en substance Luc Guyau qui estime que les politiques agricoles ont relativement bien fonctionné jusqu'à présent, mais qu'elles doivent aujourd'hui se repositionner au regard d'une situation et d'un contexte en pleine évolution. Mais il s'agit avant tout d'une question d'ordre politique et sociétale car les enjeux majeurs restent considérables pour tenter d'apporter des réponses à la question de l'alimentation sur la planète de manière durable. Un axe stratégique qu'utilisent finement certains pays et notamment les USA dans le cadre des négociations à l'OMC. Ceux-ci ont très bien compris que ce défi pouvait se retourner à leur avantage comme une arme redoutable. Si les agriculteurs disposent toujours et encore d'un rôle fondamental dans nos sociétés et notamment dans les pays émergents, l'autonomie alimentaire reste un atout majeur en particulier pour certains pays du sud de la planète. « Il faut conforter la solidarité Nord/Sud » souligne Jocelyne Hacquemand pour qui la PAC a joué un rôle important au cours des dernières années, mais doit aujourd'hui repositionner ses orientations sans mettre en péril l'agriculture des zones fragiles.

825 millions de personnes souffrent de la faim

La baisse des surfaces des terres arables et la réduction des moyens de production risquent à terme de mettre à mal notre capacité de production. Les marges de manœuvre se réduisent. L'augmentation constante des populations engendrera à moyen terme des problèmes alimentaires non seulement dans des zones sensibles de la planète mais aussi dans certaines régions aujourd'hui épargnées. Il s'agit avant tout d'un choix politique car il n'y a pas de développement durable sans une approche économique et sociologique. La FAO estime que 825 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et 70 % de cette population vit de l'agriculture. Pour Henri Nallet, ancien ministre de l'agriculture « l'actuelle crise alimentaire que nous vivons est essentiellement due à la politique agricole américaine s'accaparant sans cesse de nouvelles parts de marchés et qui à l'aide de procédés abusifs, comme le dumping, veut disposer de l'arme alimentaire de la planète ». Un constat que beaucoup reconnaisse et des méthodes qui se pratiquent notamment dans le cadre des négociations à l'OMC et qui démontrent aussi que l'Union Européenne doit savoir peser dans ces négociations.

Des besoins européens croissants

«La phase de dérégulation des marchés est maintenant terminée» souligne Henri Nallet qui estime que l'on a davantage besoin d'une agriculture européenne plus compétitive et ambitieuse. « L'Europe a une approche erronée de son agriculture et elle met tout en œuvre pour accroître sa baisse de production et créer ainsi son propre déficit alimentaire » explique Karen Serres. Les besoins sont de plus en plus croissants et pour répondre aux besoins des marchés, la production doit suivre et en particulier dans les pays africains et les pays émergents. « 43 millions de personnes souffrent de la malnutrition en Europe, ne pensons-nous pas que l'Europe dispose de suffisamment de stocks pour alimenter sa population ? » Pour Jean Martin, président de la confédération des industries agroalimentaires « les agriculteurs et les industriels agroalimentaires sont dans la même barque et doivent trouver des solutions communes. Si la qualité doit rester l'une des priorités, les industriels doivent s'organiser en conséquence car la sécurité alimentaire n'est pas garantie pour autant » explique t il tout en estimant que « nous sommes à la veille d'une crise d'approvisionnement ».

Une politique agricole territoriale et alimentaire

Mais comment répondre à ces défis alimentaires ? Pour Luc Guyau, « au moment où l'on parle tant de l'Europe, ce défi est l'affaire de tous, mais faut-il encore que les politiques prennent des orientations justes et équitables » tout en ajoutant « je suis contre la PAC mais pour une politique agricole territoriale et alimentaire et que ceux qui produisent des denrées agricoles puissent en vivre dignement car il n'y aura pas d'agriculture durable sans une régulation des marchés. » Une vision que partage Henri Nallet qui milite pour un partage des richesses à condition de laisser le temps aux pays émergents de développer leur agriculture et de s'organiser en conséquence car « [il n'est] pas sûr que les prix forts bénéficient aux agriculteurs ». « Si la meilleure façon de traiter la crise c'est de l'anticiper, l'Europe a tout intérêt de refondre sa PAC et de revenir à une régulation de sa production agricole ». Un avis que partage également le Président de la Fédération Nationale Bovine, Pierre Chevalier « nous vivons une vraie crise de dérégulation des marchés mondiaux. A l'heure où l'Europe importe 40 % de sa consommation de viande ovine et en France 60 % de sa consommation, nous sommes à la veille d'une pénurie alimentaire en Europe. Il faut adapter des soutiens et une flexibilité dans les secteurs de production en difficultés». À l'heure où les problématiques restent entières, ce débat riche d'enseignement est encore bien loin d'être résolu tant les difficultés restent nombreuses pour trouver des solutions à ce défi alimentaire du XXIe siècle.

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