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Cirhyo cultive l’esprit de filière

Les adhérents de la coopérative porcine Cirhyo se sont réunis, le 17 avril, en assemblée générale à l’hippodrome de Vichy-Bellerive, dans l’Allier, pour faire le point sur une actualité mouvante, mais pas dénuée d’opportunités.

De gauche à droite : Philippe Chanteloube responsable qualité et logistique, Francis Le Bas Président, Gérard Dutois directeur général.
De gauche à droite : Philippe Chanteloube responsable qualité et logistique, Francis Le Bas Président, Gérard Dutois directeur général.
© AA

«Malgré une année encore un peu chaotique du point de vue des cours du porc, notre coopérative Cirhyo est en bonne santé et beaucoup de ses adhérents ont des projets de développement. Ces projets confirment bien le formidable potentiel de développement sur la zone Auvergne-Rhône-Alpes grâce à des atouts environnementaux indéniables (faible densité porcine, lien au sol, céréales, coût alimentaire…) ».

C’est un message d’espoir qu’a livré, mercredi dernier, Francis Le Bas, éleveur à Meaulnes dans l’Allier et président de la coopérative Cirhyo, devant ses adhérents réunis à l’occasion de l’assemblée générale. Ce temps fort de la coopérative a été l’occasion de faire le point sur l’activité 2018, marquée par un cours du porc qui a démarré l’année au plus bas, avant de connaître une légère augmentation dans les premiers mois de l’année. Ils sont restés stables, malgré l’embellie attendue et souvent constatée durant la période estivale. « Il a fallu attendre la fin de l’été pour connaître un pic à 1,296 euros/kilo », a relevé Gérard Dutois, directeur général de Cirhyo.

Cette hausse a finalement été de courte durée, puisque les prix ont replongé à l’automne pour finir l’année à 1,18 euros. Avec une moyenne sur l’année à 1,196 euros¹, le cours du porc a donc dévissé de 13% par rapport à 2017. Parallèlement, le cours des matières premières qui impacte à hauteur de 65% le coût de production, a progressé de 18 euros/tonne à partir du mois de juin. Au final, le prix moyen de l’aliment s’affiche donc à

236 euros/tonne, soit une hausse de 3% par rapport à 2017.

Un contexte plus porteur

Pour 2019, les acteurs de la coopérative se veulent plus confiants : « Le contexte des cours est plus favorable aujourd’hui grâce au marché chinois, mais soyons attentifs à conserver notre statut sanitaire (indemne de fièvre porcine africaine). La coopérative veut croire à des lendemains meilleurs car la situation européenne est mouvante. Les effectifs porcins ont en effet diminué dans la majorité des pays l’an dernier, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et en Pologne. Seules la France et l’Espagne ont continué à augmenter leur nombre de truies, ce qui laisse présager une augmentation de leur cheptel porcin dans les années à venir. Reste à savoir si les marchés seront au rendez-vous…

Une consommation hexagonale en baisse…

Sur 2018, la consommation française de porc frais a diminué de 4,4%. Les produits élaborés, contrairement à 2017, ont également vu leurs volumes diminuer sur le marché français. Cette baisse de consommation n’est pas propre à la viande porcine, le bœuf et l’agneau sont aussi concernés. « Les causes sont multiples, mais on peut, parmi elles, citer l’évolution des modes de consommation », a estimé Gérard Dutois. L’achat de viandes fraîches ou transformées est remplacé par la consommation de produits élaborés.

…Mais des exportations en hausse

Les exportations françaises ont repris des couleurs en 2018 en affichant une progression d’1,3 %. Elles concernent majoritairement des viandes fraîches (384 100 tonnes), alors que les ventes de produits transformés sont en recul de près de 11%. L’Italie reste le premier pays importateur de viande porcine française, suivie de près par la Chine. La forte destruction du cheptel chinois, due à la fièvre porcine africaine (FPA), impliquera très certainement une hausse particulièrement importante des exportations vers ce pays, tirant par la même occasion l’ensemble du marché pour 2019.

Rester à l’abri de la fièvre porcine africaine

Néanmoins difficile de crier victoire, alors que la fièvre porcine africaine est aux portes de la France. Installée depuis des années en Europe de l’Est, la fièvre porcine s’est en effet rapprochée dangereusement de nos frontières, via la Belgique. La France a réagi rapidement, avec la mise en place de clôtures sur plusieurs dizaines de kilomètres créant une zone blanche dans laquelle aucun sanglier ne doit pouvoir passer. Objectif : éviter les contaminations entre sangliers belges contaminés et sangliers français. En complément, tous les éleveurs français doivent mettre en place des mesures de biosécurité renforcées. Pour l’instant, la situation semble stable, même si de nouveaux cas de peste ont encore été récemment découverts en Belgique. « Espérons que ces mesures seront suffisantes pour protéger le pays de l’arrivée de la FPA. En effet, si la demande chinoise continue de tirer les marchés, elle pourrait brutalement diminuer en cas de découverte d’un premier cas de FPA français, limitant la demande à un marché interne peu rémunérateur… », a indiqué Francis Le Bas.

Travailler en filière

Dans cette conjoncture incertaine, avec ses 572 adhérents détenant 62 959 truies ayant produit 1 321 975 porcs charcutiers, Cyrhio a maintenu le cap, et augmenté sa production de 3,9%. 210 500 porcs ont été valorisés en filière non OGM (+ 2,5%), 144 643 en filière label rouge (+2%), et 21 148 en bio (+3,8%) via la société de transformation Tradival (voir par ailleurs), dont Cirhyo est actionnaire depuis 2013. Cette articulation entre production et transformation (abattoirs de Lapalisse dans l’Allier, de Fleury-les-Aubrais dans le Loiret et de la Talaudière dans la Loire), est selon les responsables de la coopérative, la clé de voûte de la valorisation. « Ce travail en filière est garant du maintien de l’activité sur nos territoires », a insisté le président de Cyrhio. Preuve que la filière porcine en Auvergne-Rhône-Alpes a de l’avenir, les abattoirs se modernisent en investissant régulièrement dans de nouveaux process et outils. Côté production, l’adaptation est aussi de mise. L’adaptation du parc d’engraissement (due à la prolificité), le besoin de renouvellement des anciens bâtiments et la nécessité de développer la production font que la coopérative, par son service développement, a étoffé son parc d’engraissement de plusieurs milliers de places en 2017/2018. « Les projets pour 2019 sont nombreux et confirment bien le formidable potentiel de développement de la zone Cirhyo », s’est félicité Gérard Dutois.

¹ Les prix européens ont suivi le même chemin que les prix français, notamment à cause d’une consommation intérieure et des exportations en baisse, lorsque la production et le poids des porcs étaient en hausse.

Le partenariat avec Lidl progresse

Déjà engagé auprès des éleveurs porcins de l’Ouest et du Nord de la France, Lidl a élargi sa zone d’intervention en se tournant, début 2018, vers les éleveurs porcins Label Rouge de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette tripartite concerne les 600 éleveurs de la coopérative Cirhyo dont l’industriel Tradival s’engage à proposer plusieurs références tout en garantissant les prix sur une année. L’approvisionnement a démarré avec trois plateformes Lidl, « aujourd’hui, nous en sommes à dix », se sont félicités les acteurs de Tradival. Les produits vendus mettent en avant les éleveurs. L’enseigne appose leurs photos sur le packaging des produits et communique largement sur le côté local et équitable de la démarche.


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