Carnet noir - « Au revoir, Auguste »
L’ancien président de la section des anciens exploitants de la FDSEA nous a quittés.

Auguste Lefeuvre nous quitte dans sa 86ème année, en laissant derrière lui l'empreinte d'un homme précurseur en de nombreux domaines. Soucieux des autres, il devient un syndicaliste convaincu dès le départ, de la défense des actifs en tant que responsable communal ou à la suppléance du canton. C’est tout naturellement qu'à la retraite, il prend la présidence de la section départementale des anciens exploitants en 1992. De ces déplacements à Paris pour porter les revendications des anciens, certains se souviennent d’un homme modéré qui savait garder son sang-froid face à la jungle politicienne avec laquelle il était déjà difficile d'établir le dialogue.
Lors des manifestations à Tulle, Bergerac, Bordeaux ou Châteauroux, ou lors des voyages organisés, Auguste savait toujours mettre une agréable ambiance de convivialité à l'image de l’homme qu'il était : bon, honnête, simple et respectueux d'autrui. En 2003, après 10 ans à conduire la section des anciens exploitants, il cède sa place avec regret, le poids des ans commençant à se faire sentir. Mais il garde une place prépondérante dans notre section des anciens, en devenant président d’honneur. Un titre qui, au-delà d'être honorifique, lui revient tout naturellement. D’Auguste, nous garderons le souvenir d'un homme simple qui se contentait de ce que la vie pouvait lui donner, qui aimait refaire le monde et qui, dès que l’occasion se présentait, poussait la chansonnette. En voiture, il écoutait son idole Jean Ferrat. Ironie du sort, ils nous ont quittés l’un après l’autre à quelques heures d'intervalle. Pourtant, que la montagne est belle ! Le soleil brille et un oiseau a chanté ce matin. Il chantera demain encore, c’est sa petite fille qui l’a dit. Il chantera pour Auguste, parti rejoindre le monde des poètes, le monde des justes, le monde des gens heureux…
Eloge de M. Aufrère à Auguste Lefeuvre
C'est au nom de tous les paysans que je viens témoigner un dernier hommage à notre ami Auguste. Breton d'origine, c'est en novembre 1959 qu'il arrive au domaine de Bonnut, faisant parti de ces migrants qui, à l'instar de son copain Lamontagne, s'installent en région Centre.
Tout de suite, malgré le handicap de nouveau venu, il s'intègre au milieu ambiant. Précurseur en de nombreux domaines, il n'est pas toujours compris (mais le temps prouvera qu'il avait raison). Il s'investit dans tout ce qui est associatif et coopératif : groupement de vulgarisation dont il est un des fondateurs, coopérative dont il devient président, Cuma et autres.
De sa jeunesse à la JAC et de son passage dans le monde ouvrier, il sera toute sa vie un syndicaliste ardent jusqu'à être le premier président du syndicat des aînés de la Creuse.
Catholique convaincu avec Anna, son épouse, ils feront partie des jeunes foyers chrétiens ; bien plus avec 20 ans d'avance sur ce que nous faisons maintenant, il animera et aidera les offices religieux. Excellent chanteur, il nous ravissait pendant les cérémonies. Jusqu'à la fin, il sera d'un dévouement exceptionnel.
Nous garderons, nous qui l'avons si bien connu, le souvenir du précurseur en beaucoup de choses, de la personne à l'intelligence au-dessus de la moyenne, de l'excellent camarade toujours prêt à rendre service, du bavard aussi, aimant le contact et affirmant haut et fort ses convictions chrétiennes en particulier.
Tout cela, Auguste, et avec tout ce que j'oublie, nous te le dédions et te disons tout simplement « Au revoir ».
Sache que le monde agricole te remercie et te doit beaucoup.