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Assises laitières
Les producteurs laitiers ont tout intérêt à se fédérer

Les responsables professionnels ont livré des pistes de réflexion pour faire en sorte que la contractualisation soit synonyme de rapport gagnant-gagnant entre producteurs et entreprises.

Depuis l'automne dernier, sous l'égide de la Copamac-Sidam, les départements du Massif central se sont interrogés sur l'avenir de leur production laitière. Avec la suppression des quotas, c'est en effet tout un modèle qui est remis en cause, des pratiques à revoir en profondeur. Une révolution en somme, mais qui, selon les responsables professionnels, ne doit pas sonner le glas de la production laitière dans les zones les plus fragiles. « Nous sommes entrés dans un nouveau monde, il nous faut imaginer de nouveaux outils pour s'adapter », a expliqué Yannick Fialip, président de la section régionale laitière.

 

Equilibre

Dans cette mouvance laitière, il s'agit ainsi de répondre à quatre questions essentielles : quelle organisation économique pour les producteurs ? Quelle gestion du prix et des volumes ? Quelle valorisation et quelle différenciation ? Pour quelles évolutions des systèmes d'exploitation ? Sur la contractualisation, même si le débat reste ouvert, une piste semble se dégager. L'idée est de construire un pouvoir équilibré entre producteurs et entreprises, d'établir un rapport de force constructif, en ne laissant aucun agriculteur seul face à son entreprise, le tout structuré à l'échelle territoriale.

 

« Cette dimension de territoire est fondamentale car des régions comme le Massif ont besoin de s'organiser largement pour pouvoir peser face à des grands groupes nationaux », a estimé le président de la section régionale. Pour lui, choisir l’option de la contractualisation par entreprise, c'était courir le risque d'affaiblir le libre arbitre des producteurs, qui à terme n'auraient eu la vision du marché que par le prisme donné par l'entreprise.

 

Le maillon faible

Concrètement, la contractualisation économique par territoire implique qu'à travers des associations ou organisations de producteurs, tous les producteurs soient accompagnés dans une relation équitable avec les entreprises.

 

« La structure sera mandatée par les producteurs pour négocier les contrats afin de parvenir à une certaine homogénéité, ce qui n'enlève en rien la part de décision restant au producteur. Il s'agit avant tout d'accompagner les producteurs dans l'établissement du lien avec son entreprise », a insisté Michel Lacoste, président de l'association des producteurs de lait AOP d'Auvergne. Sur les délimitations géographiques, la section régionale laitière Auvergne-Limousin et ses homologues du reste du Massif central, réfléchissent à une structuration Sud-Loire ou Massif central. Pour Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, « certes, il y a un marché, mais il faut trouver des systèmes pour que les producteurs ne se retrouvent pas à chaque fois le maillon faible ». La contractualisation juridiquement bien ficelée, à travers éventuellement des contrats de coopération industrielle et commerciale, peut être un moyen de sortir de l'ornière. La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) travaille actuellement sur ce sujet, sachant que le droit de la concurrence ne devra pas mettre des bâtons dans les roues dans la structuration de ces initiatives.

Le Massif central : treize pour cent des exploitations laitières française

 

Avec 14 000 producteurs de lait et 2,4 milliards de litres de lait collectés par l'industrie, le Massif central (Auvergne, Limousin, Aveyron, Loire et Lozère) est la première zone laitière de montagne française. Si la densité de production est plutôt faible, comparée aux zones de production situées en plaine, en revanche la densité d'exploitation y est élevée (une exploitation pour 2,7 km2). Le lait génère 15 % de la richesse agricole du Massif central, autant dire que le secteur pèse. La production est transformée en fromage à hauteur de 49 % (20 % en AOP et 29 % en autres fromages), en lait UHT pour 22 %, le reste étant constitué de produits frais, fabriqués essentiellement sur les pourtours du Massif central. Sur les 149 entreprises ou coopératives du secteur, plus de la moitié collectent moins de 7 % des volumes. Parallèlement, cinq grosses entreprises collectent près du tiers de la production.

 

La production est caractérisée par trois handicaps majeurs : une productivité limitée par les handicaps naturels, des écarts de compétitivité pas suffisamment compensés par la création de valeur ajoutée et une rémunération du travail inférieure de 20 à 25 % par UTA familiale, ce qui explique, en partie les retards d'investissement.

Ils ont dit

 

Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la FNPL : « La FNPL veut travailler avec la coopération dans le cadre de la contractualisation, d'une relation gagnant-gagnant ».

 

Bruno Piquet, chambre d'agriculture de Rhône-Alpes : « Fédérer les entreprises locales et régionales sur une stratégie territoriale est essentielle ».

 

Patrick Levet, président des JA du Puy-de-Dôme : « Les jeunes ont besoin de visibilité car les investissements qu'ils font sur 15 ou 20 ans sont lourds. La contractualisation pourra leur permettre de sécuriser leur production ».

Capitaliser sur la montagne

 

En matière de valorisation, les responsables professionnels ont mis en avant deux créneaux, les AOP et la dénomination « montagne ». Sur les AOP auvergnates, les syndicalistes poursuivent leur action de lobbying pour faire appliquer l'accord de valorisation. La dénomination « montagne » est quant à elle en devenir. En effet, si le terme « montagne », selon plusieurs enquêtes, est porteur de valeur, attire le consommateur, pour l'heure, il ne permet pas au producteur de mieux valoriser ses produits. Certains acteurs de la grande distribution, comme Carrefour, l'utilise, mais sans contrepartie. D’où l'idée de l'association Altitude, de créer une marque « montagne » dont l'utilisation serait encadrée, appartenant aux producteurs et dont ils vendraient l'utilisation. « A un moment donné, nous avons su investir dans du matériels dans le cadre de la Cuma. Pourquoi ne pas investir aujourd'hui dans une marque qui apporte des retombées aux producteurs ? », a expliqué Dominique Barrau, président d'Altitude.

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