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Arrêt de la recommandation sur le prix du lait
Yannick Fialip : « Une porte ouverte à la fragilisation de la filière »

L’arrêt de la recommandation interprofessionnelle nationale sur le prix du lait, est selon le président de la section régionale laitière,Yannick Fialip, une décision absurde, de nature à affaiblir producteurs et entreprises.

Yannick Fialip est également administrateur à la FNPL.
Yannick Fialip est également administrateur à la FNPL.
© D.R.

Les recommandations d’évolution du prix du lait qui ont été instaurées avec l’aide des pouvoirs publics en 1997 sont aujourd’hui stoppées.

Pourquoi ?

Yannick Fialip : Dans un courrier adressé, récemment, au CNIEL (interprofession laitière), la DGCCRF (*) demande de mettre fin à la recommandation d’évolution du prix du lait payé au producteur, sous peine de sanction financière. Cette recommandation étant jugée par la DGCCRF comme entravant les principes de concurrence et de libre échange. Le CNIEL a pris la responsabilité de tenir compte de cette mise en demeure. Mais il n’en demeure pas mois que cette décision risque d’affaiblir considérablement la filière laitière.

Dans quelle mesure ?

Y.F : La DGCCRF a assorti son interdiction d’une idée qui consisterait à ce que chaque producteur de lait négocie tous les deux jours le prix du lait. Dans la pratique, cette proposition est totalement absurde. Supprimer la recommandation nationale sur le prix du lait c’est affaiblir un peu plus les producteurs et les entreprises.

La recommandation nationale était le reflet des marchés et elle permettait d’avoir un repère en terme de prix payé au producteur.

Ces recommandations étaient décidées chaque trimestre en s’appuyant sur de nombreux indicateurs statistiques (indicateur beurre/poudre, cotation des marchés fromagers allemands, prix du lait allemand, indicateur global de l’équilibre du marché européen) et validées par les trois familles de l’interprofession (producteurs : FNPL ; industriels privés et coopératifs : Fnil et FNCL) lors d’un comité de suivi du prix du lait.

C’était la garantie de vendre du lait à un prix équitable entre les 100.000 producteurs français et entre les entreprises. Nous sommes donc face à un paradoxe incompréhensible, avec un gouvernement qui nous exhorte, chaque fois qu’il le peut à nous organiser, à renforcer nos interprofessions et qui, quelques semaines plus tard, nous envoie un courrier pour nous dire que nous n’avons plus le droit de nous organiser.

Comment comptez-vous réagir ?

Y.F : Dans les départements, les responsables des FDPL vont rencontrer très prochainement les préfets et les parlementaires afin d’avoir un éclaircissement rapide sur cette situation. Le gouvernement doit impérativement clarifier sa position sur la gestion des volumes en France. Nous avons le sentiment que l’objectif est d’augmenter les volumes assez rapidement pour faire baisser les prix. Nous allons rappeler au gouvernement que les quotas sont en place jusqu’en 2015 et que l’interprofession a toujours eu comme souci de mettre en adéquation la demande du marché et la capacité de production des éleveurs.

Il n’y aura donc pas de recommandation nationale sur le prix du lait pour le troisième trimestre…

Y.F : Effectivement, et l’ensemble des acteurs de la filière regrette cette décision. Mais au-delà de cette problématique, la FNPL va faire une demande de hausse du prix du lait sur le troisième trimestre de l’ordre de 50 Euros/1.000 litres. Nous espérons que l’ensemble des entreprises suivra cette hausse demandée. Nous demanderons également, par ailleurs, une hausse, sur le quatrième trimestre. A terme, si les charges continuent d’augmenter à un rythme soutenu, un prix du lait payé au producteur à hauteur de 400 Euros/1.000 litres ne paraît plus être un seuil infranchissable. On ne peut produire du lait que si on arrive à en vivre.

La situation que vivent actuellement vos collègues allemands, en grève du lait, vous préoccupe t-elle ?

Y.F. : Cette grève a été provoquée par la libéralisation totale du marché du lait qui a conduit à l’effondrement des prix. Nous soutenons ce type d’actions. Si le gouvernement français s’entête d’une part, dans sa volonté de nous interdire de nous réunir au sein de l’interprofession et d’autre part cautionne la course effrénée aux volumes, d’ici la fin de l’année, nous pourrons envisager de faire la grève du lait, ultime solution des producteurs.

Le gouvernement a demandé de la transparence dans la filière, nous lui demandons de se tourner vers la grande distribution, qui ne cesse d’augmenter ces marges.

(*) DGCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

Ne pas perdre de vue le bilan de santé de la Pac

Pour Yannick Fialip, cette problématique autour de la recommandation sur le prix du lait ne doit pas occulter les enjeux du bilan de santé de la PAC.

Il rappelle ainsi que la section régionale laitière Auvergne-Limousin et la FNPL seront attentives aux positions de la France, en particulier sur deux points : le soutien spécifique à l'élevage herbager et l'aide aux producteurs laitiers des zones de montagne, de l'ordre de 40 Euros/1.000 litres, qui leur permettra de rester compétitifs par rapport aux producteurs des zones de plaines.

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