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Approche globale des diarrhées néonatales
Plan diarrhées néonatales creusois : les apports de la visite d’élevage

Le plan collectif de maîtrise des diarrhées néonatales mis en place en Creuse depuis 2003 par le GDSCC en partenariat avec les vétérinaires se finalise avec un audit d’élevage.

Le plan « diarrhées néonatales » creusois repose sur une approche globale. Après un bilan de la situation sanitaire, les agents infectieux, le transfert immunitaire et le statut nutritionnel des mères sont explorés. La confrontation des résultats d’analyses et des facteurs de risque recensés au cours d’un audit aboutit à un plan d’action élaboré en pleine concertation avec l’éleveur.

Une approche globale nécessaire pour maîtriser les diarrhées néonatales

Lorsque les diarrhées néonatales sévissent dans un élevage, la tentation est grande de rechercher une solution rapide, au coût peu élevé, la moins contraignante possible. Les analyses, quand elles sont faites, se limitent souvent à la recherche du germe en cause et la solution préventive mise en place, à la vaccination. Pourtant, les diarrhées néonatales, maladies multifactorielles par excellence, trouvent rarement leur solution en intervenant sur un seul aspect. Pour obtenir un résultat durable, une approche globale explorant, au-delà des agents infectieux, le transfert immunitaire et le statut nutritionnel des mères est essentiel. Cette démarche doit s’appuyer sur des données objectives et tenir compte de l’approche économique de l’élevage, d’où la démarche proposée par le GDSCC, en relation avec les vétérinaires depuis 2003.

Une vision objective de la situation basée sur des données chiffrées

L’état sanitaire d’un troupeau repose sur l’équilibre entre les capacités de défense des animaux et la pression microbienne. Un problème sanitaire dans un élevage est la conséquence d’un déséquilibre. L’objectif est de mettre le doigt sur les facteurs qui l’ont provoqué pour proposer des mesures adaptées. Pour cela, une concertation importante entre l’éleveur et son vétérinaire est essentielle. Les données chiffrées et les outils de laboratoire disponibles sont là pour apporter des informations complémentaires objectives.

Cette démarche se déroule en 3 temps :

1. S’appuyer sur une vision objective de la situation

Il s’agit de déterminer le contexte général de l’exploitation, c’est-à-dire le taux de mortalité (pourcentage des veaux morts entre 3 jours et 3 mois) et le taux de morbidité (pourcentage de veaux malades avant 3 mois). Au delà des taux « acceptables », c’est-à-dire 10 à 15 % pour le taux de malades et 3 à 5 % pour le taux de morts, il est nécessaire d’agir. On voit ici l’intérêt de tenir à jour le carnet sanitaire et de notifier les mouvements correctement, bien au-delà de l’aspect réglementaire. Le carnet sanitaire peut également être source d’informations sur l’évolution de la maladie dans l’élevage, l’âge des animaux concernés, les périodes… Le bilan sanitaire annuel, réalisé dans le cadre du décret médicament-prescription, est une bonne occasion de traiter de ce sujet, un véritable point peut être fait, loin de la situation d’urgence qui ne se prête pas à la mise en place d’une démarche préventive globale.

2.Utiliser les outils de laboratoire disponibles

Trois types de recherches sont à réaliser : les agents en cause (voir article précédent), l’évaluation du transfert immunitaire des veaux (le veau, à sa naissance, est dépendant de la qualité et de la quantité de colostrum ingéré, un défaut d’immunité passive existe dans 25 à 60 % des cas), le statut nutritionnel des mères (la quantité, mais surtout la qualité du colostrum fourni au veau dépend de la mère, et en particulier de son statut nutritionnel pendant les deux derniers mois de gestation ; les oligo-éléments Cu, Zn, Se et I feront l’objet d’une recherche).

3.Etudier les facteurs de risque au cours d’un audit d’élevage

L’audit d’élevage se réalise au cours d’une visite bien identifiée, avec un temps dédié suffisant (environ 2 heures). Chaque point abordé est l’occasion d’un bilan et d’apport d’informations techniques à l’éleveur. Les cinq domaines de risques (alimentation, relation mère-veau, gestion du troupeau, logement, et statut immunitaire du troupeau) sont systématiquement abordés. La confrontation de l’ensemble de ces informations permettra ensuite d’analyser les origines du problème et de proposer des mesures à l’éleveur.

Cet audit d’élevage associe les observations des animaux et du milieu, et les éléments apportés par l’éleveur lui-même. Associée aux résultats d’analyses, cette visite d’élevage va conduire à un bilan des points forts et des points faibles de l’élevage, puis à un plan d’action. Ce plan met en évidence les facteurs de risque rencontrés dans l’élevage, leur importance et propose des mesures à mettre en œuvre. Ces mesures sont planifiées et priorisées afin d’échelonner les actions en tenant compte de l’impact attendu, de l’opportunité en fonction de la période et de leur facilité de réalisation. Les premières mesures proposées sont sanitaires. Sur le plan médical, la priorité est donnée au plan antiparasitaire et aux complémentations. Un plan vaccinal peut être associé suivant le ou les germes mis en cause. Mais il doit être considéré comme un outil complémentaire. Le bilan et le plan d’action font l’objet d’un compte-rendu détaillé destiné à l’éleveur.

Un bilan très favorable, une prise de relai par le vétérinaire de l’élevage nécessaire pour un meilleur suivi

Vingt-deux élevages, engagés dans ce plan, ont fait l’objet d’une enquête et d’un bilan. L’objectif était d’évaluer l’évolution des taux de mortalité et de veaux traités depuis l’audit d’élevage, de noter le degré de réalisation des mesures préconisées et d’apprécier le vécu de cette expérience par les éleveurs. La tendance générale observée dans ces élevages est nettement à l’amélioration. Sur les 22 éleveurs concernés, 9 ont mis en place les mesures préconisées en totalité et 12 partiellement. Le frein essentiel à la réalisation des actions est la surcharge de travail et la gestion du temps. Le refus de changer ses pratiques ne concerne qu’un éleveur. Il y a globalement une bonne écoute et un vrai intérêt pour la démarche engagée. Pour eux, le fait d’aborder les pratiques d’élevage et de les « recadrer » est très positif, avec un impact sur d’autres aspects de leur exploitation. Ils ont en grande majorité le sentiment que ce plan leur a appris à gérer le problème de diarrhées néonatales. Toutefois, les éleveurs souhaiteraient un accompagnement qui les aiderait à persévérer dans la démarche. Il s’agit de ne pas baisser la garde trop vite. Un bilan régulier les soutiendrait dans cet effort. Le bilan sanitaire annuel pourrait trouver ici toute sa place.

Une solution efficace mais demandant une approche globale et une implication du tandem éleveur/vétérinaire

Le bilan réalisé auprès de ces éleveurs montre tout l’intérêt qu’ils y trouvent. Mais pour que cette démarche soit bien comprise et qu’elle puisse conduire à l’acceptation de la remise en cause de certaines pratiques, elle demande une présentation claire avant d’être engagée, tant sur le plan technique que sur le plan économique. Toutefois, comme le montre ce bilan, l’approche doit être parfaitement globale, aucun aspect ne devant être négligé afin de se donner toutes les chances de réussite.

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