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Agrolab’s : le nouveau laboratoire interprofessionnel laitier du Sud-Loire

Ne l’appelez plus Lial MC : au 1er juillet, le labo d’Aurillac a fusionné avec ses confrères d’Auch et Clermont-Ferrand. Une fusion-absorption qu’expliquent ses responsables.

Activité « première » du Lial et désormais d’Agrolab’s : le paiement à la qualité du lait.
Activité « première » du Lial et désormais d’Agrolab’s : le paiement à la qualité du lait.
© PO

Le 1er juillet a vu l’avènement d’Agrolab’s, fruit de la fusion-absorption par le laboratoire interprofessionnel d’analyses laitières Lial Massif central, basé à Aurillac, de ses homologues de Clermont-Ferrand (Galilait) et d’Auch (Cialso). Retour avec la présidente et le directeur de feu le Lial MC sur cette opération engagée il y a bientôt deux ans.

Pourquoi ce rapprochement avec vos deux confrères du Sud de la Loire ?
Chantal Cor : Nous n’en sommes pas à l’initiative. Tout est parti d’une étude du Cniel (interprofession laitière nationale, NDLR) lancée en janvier 2017 et présentée en juin 2017 sur l’avenir des laboratoires d’analyses laitières en France, pas uniquement de ceux du Sud-Loire. Ce qui est alors clairement ressorti, c’est que le schéma des labos de l’Ouest, à savoir un chiffre d’affaires assis sur une cotisation au litrage, avait ses limites et un prix. Je crains en effet qu’on ne soit pas dans une dynamique à produire deux fois plus de lait en France. Parallèlement, les regroupements d’exploitations pouvaient légitimement trouver injuste de payer une cotisation au litrage alors qu’au final, ils n’avaient toujours qu’une seule analyse. A contrario, le fonctionnement du Lial MC a été cité en exemple dans cette étude qui a mis en avant cette autre voie que nous avons empruntée pour pérenniser notre laboratoire interprofessionnel, à savoir la diversification de nos analyses et une cotisation à l’exploitation, indépendante du volume. C’est un choix historique, acté à la création du Lial qui s’est, du coup, avéré salutaire. Aussi, face à la forte érosion du nombre de producteurs de lait1, toutes espèces confondues, avec une vive concurrence des productions végétales, le Cniel nous a demandés de réfléchir à des formes de mutualisation, synergie... faute de quoi les labos les plus forts allaient certes pouvoir se maintenir mais les plus faibles disparaître. Dans cette guerre, petits ou grands, tout le monde au final est perdant avec le risque de voir des labos privés mettre la main sur les analyses laitières. Courant 2017, nous avons donc commencé les discussions avec nos confrères de Galilait, Cialso et de Lilco (Surgères).

De quatre, le projet s’est réduit à trois...
Jean-Vincent Gauzentes : Oui, nous avions trop de différences, en termes de statut notamment avec le Lilco, qui est une union de coopératives, pour arriver à une synergie. Contrairement à Galilait, qui est comme nous une association loi 1901 fiscalisée et au Cialso, qui est un GIE.

Quelle a été la feuille de route de cette restructuration ?
J.-V. G. : La commande du Cniel était de garder des sites performants techniquement et économiquement.
C. C. : Pour nous, le prérequis était d’avancer sur un projet économique, en faisant comprendre aux administrateurs des trois labos qu’on était bien dans une entreprise et qu’il fallait réfléchir en termes économiques. Au Lial, notre but a été clairement de faire partager l’esprit interprofessionnel qui est le nôtre, avec comme enjeu que le paiement à la qualité du lait coûte le moins cher possible aux producteurs et ce grâce à la diversification. Certes, aujourd’hui, notre chiffre d’affaires diversification dépasse celui du paiement du lait mais, à l’origine, c’était l’inverse avec uniquement les cotisations des producteurs.

Peut-on parler de fusion-absorption ?
C. C. : Oui, Agrolab’s est issu de la fusion-absorption par le Lial MC de Galilait et, dans le même temps, d’un apport partiel d’actifs de Cialso au Lial, l’équivalent d’une fusion-absorption même si, pour des raisons juridiques, ce n’est pas le terme employé. C’est en tout cas la meilleure solution fiscale, sociale et économique qui a été actée avec Aurillac comme structure support pour réaliser cette absorption.

Quel est le périmètre de cette nouvelle entité ?
J.-V. G. : Cela englobe une trentaine de départements : ceux de l’ex-Auvergne, de Rhône-Alpes (hormis les Savoie), tout le Sud-Ouest jusqu’aux Pyrénées au sud et la Dordogne au nord, en passant par la Nièvre, la Saône-et-Loire... Au total, cela représente 14 000 producteurs (contre 5 500 pour l’ex-Lial MC) dont 4 000 de brebis, 900 de chèvres et 9 100 de lait de vache. Ainsi que 200 salariés (dont 105 de l’ex-Lial, NDLR) et un chiffre d’affaires global de 15 millions d’euros.

Les trois sites vont-ils être conservés ?
C. C. : Oui, il n’y aura aucune fermeture et chaque site conservera son activité et ses profils analytiques. Il n’y aura pas de spécialisation pour garder à la fois un maillage territorial et une proximité tant avec la production qu’avec les sites de transformation. Pour l’ensemble des acteurs, c’est important de disposer de résultats d’analyses le plus rapidement possible. Ceci dit, j’espère que sur les deux autres sites (Clermont et Auch), Agrolab’s sera capable de prendre des marchés sur la diversification pour que les analyses laitières coûtent le moins cher possible. Nos valeurs restent les mêmes : répondre du mieux possible, le plus rapidement possible à nos clients, en faisant si besoin du cousu main. Nous ne sommes sûrement pas les plus gros ni les plus compétitifs mais notre force est de nous adapter à nos clients.

Qu’est-ce que cela va changer pour un producteur du Cantal dont le lait est analysé à Aurillac ?
C. C. : Rien, hormis le nom. Il disposera du même nombre d’analyses, de la même réactivité et qualité de service, du même accès à ses données sur le site internet... Si ce n’est que ce faisant, on assure la pérennité d’un labo de proximité. Si on était resté seuls, chacun de son côté, il y avait un risque majeur à terme pour la viabilité économique de nos entités même si le Lial se porte bien.

Quid de la gouvernance de ce nouveau grand labo ?
C. C. : Pour nous, il était impératif que cela reste un laboratoire interprofessionnel avec trois collèges (producteurs, industriels, coopératives), des décisions à l’unanimité des trois collèges et une présidence tournante. Il faut vraiment que chacun comprenne la chance de cette assise interprofessionnelle qui garantit fiabilité et indépendance des analyses servant au paiement du lait. Avec des commissions de contrôle, des procédures encadrées par le Cniel...

Comment s’est faite la représentation des trois structures préexistantes au sein du conseil d’administration d’Agrolab’s ?
C. C. : Côté industriels, c’est la Fnil (fédération nationale) qui procède aux désignations, charge à elle de trouver un équilibre des territoires et des espèces. Idem pour le collège coopération avec Coop de France-Métiers du lait. Pour le collège producteurs, ce sont les différentes FRSEA qui désignent avec la même obligation de représentation des territoires et des productions. On s’est ainsi mis d’accord pour que chacun des trois anciens labos soient représentés à part égale avec un représentant en plus des petits ruminants (chèvres et brebis). Le siège administratif et social d’Agrolab’s est lui basé à Aurillac. Chacun des deux autres sites conservent un directeur mais la direction générale de la nouvelle entité est assurée par Jean-Vincent Gauzentes, directeur de l’ex-Lial.

Et la présidence ?
C. C. : Dans le traité de fusion, il est prévu que la première présidence revienne à un producteur du Lial MC pour un mandat de cinq ans, contre trois ans pour les autres mandats.

 

1. Baisse structurelle de 5 % du nombre de sites de production laitière en Auvergne-Rhône-Alpes, de -8 à -9 % dans le Sud-Ouest.

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